Les Sanson et l’amateur de souffrances, ou le bonheur d’être bourreau

De l’antiquité en passant par le Moyen Âge et jusqu’au XIXe siècle, le monde des artisans était souvent synonyme de rapprochement des peuples. Au XIXe siècle quelques métiers oubliés reviennent à la mode, cireur de chaussures, barbier ou autre bonimenteur, autant dire que le métier dont parlent Patrick Mallet et Boris Beuzelin dans Les Sanson et l’amateur de souffrances n’est pas près de revenir dans nos contrées.

Bourreau en fin de compte, c’est un métier certes, il n’est pas comme les autres. Mais il s’apprend »

L’odeur du sang frais ne vous dérange pas ?

Un accident banal à la fin du XVIIe siècle, une chute de cheval et la vie de Charles Louis Sanson bascule dans l’horreur pour lui et sa descendance.

Tout est dit excepté qu’un banal accident commence par un coup de cœur pour la fille d’un homme qui a métier pas ordinaire en tout cas à l’époque, le métier qui ne retient pas toute notre attention quand on a envie de se préserver ou encore quand on souhaite vivre loin de l’agitation des villes.

Le métier du père de la belle Marguerite est celui de « bourreau ».

Il officie sur la place publique pour exécuter les sentences de la justice et il a l’air de prendre son travail très à cœur devant un parterre de badauds qui, à cette époque, apprécie cette joute sanguinaire.

Un homme en particulier semble apprécier cela. Un homme qui non seulement est présent à chaque exécution mais qui s’en nourrit. L’amateur de souffrance que Sanson rencontrera bientôt, prélude à son apprentissage.

J’accepte que tu épouses ma Marguerite. A partir de maintenant, tu es mon gendre et ma charge devient la tienne »

Le pauvre Sanson n’a d’autres choix que succéder à son beau-père, il devra apprendre tous les rouages du métier, autant torturer que décapiter.

Mais, sur sa route, se trouve l’amateur de souffrances à qui le châtiment des autres est nécessaire pour vivre. Sanson doit, quant à lui, répondre de ses actes, tenter de s’y détourner et la fin peut être tragique pour les siens. Cet homme est doué de pouvoirs et de moyens quasi mystiques et il ne pourra s’en détacher, ni sa descendance qui reprendra sa charge à sa mort.

Comment le sang peut-il être addictif ?

Les hommes sont attirés par la souffrance ou le malheur des autres et c’est toujours le cas de nos jours et même si les bourreaux ont disparu cette aversion existe encore.

Patrick Mallet & Boris Beuzelin nous entraînent vers des cieux noirs et sangs, telle une spirale infernale où le fond est lugubre et où tout le monde est entrainé vers la pénombre, le peuple profitant du spectacle, la noblesse qui ne protège personne à part ses intérêts.

Un scénario diablement servis par une épopée historique digne d’intérêt qui reprend la véritable histoire de le famille Sanson qui a officié entre le XVIIe et le XIXe siècle. 

Xavier de la Verrie

Patrick Mallet (scénario) & Boris Beuzelin (dessin), Les Sanson et l’amateur de souffrances, tome 1/3, Glénat, « Vents d’Ouest », 20 février 2019, 96 pages, 17,50€


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