Les Secrets et enchantements de la poupée de la reine d’Angleterre

Comment ne pas tomber sous le charme des Secrets et enchantements de la poupée de la reine d’Angleterre, si beau livre jeunesse ! Elégante, enjouée et  so british,  cette histoire de Vita Sackville-West nous plonge à la croisée de deux mondes sur les pas d’un fantôme respirant la joie de vivre.

 

Un si charmant fantôme

 

Dans la maison de poupée de la reine d’Angleterre vit une étrange créature. Après avoir côtoyé la princesse au petit pois, le marquis de Carabas ou encore la belle au bois dormant, cette femme exquise traverse les époques et décide de poser ses valises dans la maison de poupée de la reine Mary. Celle-ci est dotée de toutes les nouveautés de l’époque : électricité, eau courante froide et chaude, ascenseur et une véritable bibliothèque. Une aire de jeux  parfaite pour notre malicieux fantôme qui s’amuse de ces nouveautés ce qui n’est pas sans perturber les gardiens de la maison. Ces derniers restent perplexes lorsqu’ils découvrent des livres en dehors de la bibliothèque ou les restes d’un repas pour deux  dans la salle à manger…

 

 

Un petit bijou art déco

 

Les Secrets et enchantements de la maison de poupée de la reine d’Angleterre est un petit bijou. Tout d’abord le livre en lui-même : la couverture tissée que l’on prend plaisir à manipuler, le grain du papier à caresser. Un vrai beau livre qui trône désormais dans notre bibliothèque. Avant même de lire l’histoire, nous tombons sous le charme des illustrations de Kate Baylay. Fines et élégantes, elles sont une immersion dans les années folles et dans l’univers art déco.  Un véritable enchantement que de feuilleter ce livre de poupée.

 

 

Mise en abyme

 

L’histoire dans l’histoire ensuite a vraiment éveillé ma curiosité. C’est en 1924 que la reine Mary a commandé à d’illustres auteurs comme Rudyard Kipling ou Thomas Hardy des ouvrages destinés à la bibliothèque de sa maison de poupée. Vita Sackville West s’est ainsi lancée dans la rédaction de cette mise en abîme malicieuse se prenant elle-même comme modèle. L’une et l’autre aiment se travestir et sont attirées par le luxe. D’autres éléments relèvent de l’autobiographie : la coupe à la garçonne, la représentation de Shéhérazade de Rimsky-Korsakov. Toutes deux se veulent des femmes libres dans un monde d’hommes, désirant s’affranchir du genre, coincées entre passé et avenir.  Celle qui fut la maîtresse de Virginia Woolf livre en bref un petit chef-d’œuvre.

 

 

L’avis de Tom, haut comme cinq pommes

Du haut de ses cinq ans, Tom sait apprécier les beaux livres et celui-là est visiblement de ceux qu’il renifle. Car oui, les livres ont une odeur, surtout quand on les ouvre pour la première fois. Tout comme sa maman, il a été séduit par le livre en lui-même et par sa manipulation. Il n’a cependant pas accroché à l’histoire : d’abord parce qu’elle nécessite un second niveau de lecture pour son jeune âge et ensuite parce qu’il n’est pas très maison de poupée.

Quoi qu’il en soit, ce livre fera l’enchantement des mamans et de beaucoup d’enfants qui guetteront par les fenêtres de leur maison de poupée le signe de la présence de notre gentil fantôme.

 

Clio Baudonivie

Vita Sackville-West, Kate Baylay (illustrations), traduit de l’anglais par Christian Demilly,  Les Secrets et enchantements de la poupée de la reine d’Angleterre, Grasset jeunesse, septembre 2018, 56 pages, 18,90 euros

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