Vish Dhamija, Le Magnat, thriller judiciaire indien

Inscrire en couverture d’un roman qu’il est signé du “John Grisham indien” est un peu présomptueux, même si c’est un rapprochement fait par la presse. Pourtant, le thriller judiciaire Le Magnat de Vish Dahmija qui paraît au jeune catalogue de Mera éditions, n’usurpe pas ce haut patronage.

Un très bon thriller judiciaire

Le titre de magnat convient parfaitement à Prem Bedi, troisième fortune indienne. Sa position au sommet de la chaîne économique fait bien des envieux. Est-ce pour cette raison qu’il est assez rapidement soupçonné d’être le responsable, par homme de main interposé puisqu’il se trouve en voyage d’affaires à l’étranger, de la mort de son ex-femme et de son second mari. C’est en tout cas dans le sens de son implication que des preuves semblent s’être accumulées. Voilà donc un événement aussi bien médiatique que judiciaire qui s’ouvre.

Une fois le décor planté, le roman enchaîne assez vite les moments connus d’un procès, entre interrogatoires, constitution des dossiers, et la vie même du procès. La salle d’audience vit avec beaucoup de réalisme et fonctionne en totale immersion pour le lecteur, les scènes qui s’y déroulent constituent indéniablement le cœur du roman, où l’on voit que l’auteur excelle à rendre vivant ces moments de tension.

Bien vite, la seule question qui se pose est de savoir s’il s’agit d’élucider une affaire criminelle pour elle-même ou de faire tomber un homme puissant. Les deux parties qui vont s’opposer regardent pour ainsi dire l’affaire sous deux angles différents. L’angle de l’attaque, qui est vraiment dans le judiciaire, les preuves, les faits. L’angle de la défense, qui cherche à dénoncer une manipulation visant à détruire un homme puissant. Les deux visions étant tout au long du roman tout à fait convaincantes et la résolution finale, portée par un suspens maintenu de bout en bout, est comme un coup d’éclat.

un maître du genre

Si l’intrigue est classique, le travail d’écriture très visuelle, cinématographique, et la gestion parfaite du vocabulaire technique du monde judiciaire, Le Magnat est un roman maîtrisé. Vish Dhamija parvient également à maintenir le lecteur dans une attention constante, et n’hésite pas à user d’un humour souvent noir, ce qui ajoute au plaisir de la lecture.

Si le lecteur français peu habitué à la culture indienne peut se perdre un peu dans les noms des personnages et dans les spécificités du droit pénal local, bien vite pourtant l’intrigue va l’emporter. La construction est magistralement ordonnée, le rythme cadencé en chapitres courts et nerveux, l’écriture efficace, tout concourt à ce que les pages s’enchaînent très vite. On découvre un grand auteur de thrillers judiciaires, dont on espère vite la traduction des autres romans car, vraiment, Grisham lui-même n’aurait pas renié Le Magnat !

Loïc Di Stefano

Vish Dhamija, Le Magnat, traduit de l’anglais (Inde) par Anna Durand, Mera éditions, avril 2024, 350 pages, 19,95 euros

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