Loin en amont du ciel, au nom des miens

Un vétéran de la science-fiction et du polar

Ici, on a grandi avec Pierre Pelot, l’auteur de Delirium Circus, de La guerre olympique ou de Transit, classiques de la science-fiction française. Pelot a aussi tâté très vite du polar, notamment après le succès de L’été en pente douce : citons La forêt muette, Les chiens qui traversent la nuit (Rivages, 2003) et récemment Les jardins d’Éden (Gallimard, 2021). Pour la collection  » la noire », il a écrit Loin en amont du ciel et nous transporte à la fin de la guerre de sécession en Arkansas.

La vengeance des femmes

« Le soleil d’avril avait peiné tout le jour, pour finalement toucher le bout du ciel, entre des lambeaux de nuages délavés qui avaient pris la couleur de ces cosmos bipennés sauvages, fleurissant en été dans les broussailles des sous-bois. La lumière était délicatement rosée, distillée à travers les feuilles tout juste nées de leurs bourgeons, et pleuvinait en gouttes virevoltantes, comme un tintinnabulement visuel sur la charrette, ses occupantes et les deux mules d’attelage, quand la piste longeait les feuillaisons de lisières. »

Voici l’histoire des sœurs McEwen, filles de fermier plutôt tranquilles vers la fin de la guerre de sécession. L’une d’elles, Enéa, attend d’ailleurs le retour de la guerre de son fiancé. Mais la famille McEwen va croiser la route d’une bande de criminels ayant à leur tête une mulâtre dénommée « Mother » flanqué d’un certain Captain Sangre de Cristo, un métis ayant fait ses classes auprès de Quantrill. Mother et ses hommes tuent les parents et une des sœurs McEwen (cette dernière étant éventrée vivante). Les trois survivantes décident de se venger. Commence alors leur quête de vengeance.

Un roman âpre et sauvage

Loin en amont du ciel commence de façon presque élégiaque, Pelot mettant beaucoup de son talent à décrire les paysages de l’Arkansas avant de vite virer au drame sanglant. Un lecteur même averti aura du mal à digérer certains scènes atroces (mais bien écrites).  Il y aussi une touche western à ce roman, décidément à la croisée de tous les genres, qui ne peut que ravir l’admirateur de Peckinpah et d’Eastwood. Loin en amont du ciel est un joyau noir que vous ne devez pas rater.

Sylvain Bonnet

Pierre Pelot, Loin en amont du ciel, Gallimard « la noire », mai 2023, 384 pages, 21,50 euros

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