La sagesse de l’idiot, la balade de Toni
La sagesse de l’idiot constitue la première parution en français d’un roman de Marto Pariente, auteur espagnol qui a rencontré un certain succès dans son pays : il a par exemple remporté le prix Novelpol, l’équivalent du grand prix de littérature policière de par chez nous. Eh bien, allons voir ce que vaut ce polar espagnol…
Un frère et sa sœur
« Ascuas poussait entre des montagnes pelées et arides, sur la route des lacs de barrage. Une entaille, rien de plus. A peine une douzaine de rues tordues qui partaient de la place du village comme les petites veines éclatées sur le visage d’un alcoolique. »
Toni Trinidad est flic municipal dans le petit village d’Ascuas où il se passe au final peu de choses. Au fond, c’est mieux car Toni a peur du sang et ne porte jamais d’armes. Et puis il a eu une enfance difficile, trimballé dans des foyers glauques, avec sa sœur Vega, qui tient maintenant la casse du village. Vega, devenue alcoolique depuis la disparition de son mari violent…Toni commence à s’inquiéter quand son ami Triste est retrouvé pendu. On conclut à un suicide mais il a repéré des traces indiquant la présence de quelqu’un d’autre. Un meurtre, peut-être. Vega a quant à elle de gros problèmes avec un trafiquant de drogue local. Toni va devoir se dépasser, pour sa sœur.
Une fable de notre temps
Drôle de roman policier. Au début, on prend Toni pour un homme très simple, un peu d’idiot du village et on découvre au fur et à mesure de la narration qu’il est très profond dans certains de ses jugements. La sagesse de l’idiot a des airs du Candide de Voltaire, il s’agit d’une initiation au monde d’un homme déjà très marqué et qui a su, cependant, préserver quelque chose de l’enfant qu’il était. Et c’est pour cette raison qu’on conclut à une réussite. A découvrir donc.
Sylvain Bonnet
Marto Pariente, La sagesse de l’idiot, traduit de l’espagnol par Sébastien Rutès, Gallimard « Série noire », janvier 2024, 336 pages, 20 euros