Les femmes de Louis XVIII : un prince en quête de féminité?

Docteur en histoire, chercheur à l’université de Strasbourg, Matthieu Mensch publie ici un ouvrage sur le rapport aux femmes de Louis XVIII, frère de Louis XVI et initiateur de la Charte qui accoutuma la France au régime parlementaire. Mais ce monarque très intelligent, qui succéda à Napoléon, n’est pourtant pas réputé pour être un amateur de femmes, comme son grand-père Louis XV ou son frère le comte d’Artois (et futur Charles X). Qu’en est-il ?

Un rapport aux femmes complexe

Le comte de Provence fut longtemps réputé impuissant, misogyne voire homosexuel… Il est en tout cas marié très jeune à Marie-Joséphine Louise de Savoie, qu’il n’aime pas. Si le mariage fut consommé, ils n’eurent pas d’enfant, un manque pour un prince qui va se retrouver, par un retournement de l’histoire sur le trône de France. Le futur Louis XVIII vit pourtant entouré de femmes. Sa mère, qu’il adore et qui décède jeune. Ses sœurs Clotilde et Elisabeth, dont il est proche. Il est sans doute fasciné par le charme et le charisme de Marie-Antoinette mais la rivalité politique envenime leurs rapports. S’il fait tout pour récupérer sa nièce Marie-Thérèse, l’orpheline du Temple, et la marier à son neveu Angoulême, leurs rapports sont distants. Toutes ces femmes sont surtout des princesses et Louis XVIII a compris le profit qu’il pouvait tirer de leurs relations afin de renforcer sa légitimité. Mais quid des autres ?

Les comtesses de Balbi et du Cayla

Si ce (futur) roi est peut-être impuissant, il a sans doute besoin d’affection et aussi de donner l’apparence d’être un homme à femmes. La comtesse de Balbi dont il apprécie la conversation, la prestance et l’esprit, lui fournit longtemps un « alibi » … mais la jolie dame tombe enceinte d’un frère de Talleyrand (!) en pleine Révolution, dévoilant l’impuissance du prince : il ne le lui pardonna jamais. La comtesse du Cayla apparaît à la fin de sa vie. Belle, de bon caractère, elle adoucit sa vieillesse tout en œuvrant à sa réconciliation avec les ultras, de mauvaise augure pour la suite de l’histoire de la Restauration. Au final, les femmes comptèrent au final beaucoup dans la vie de ce roi podagre et obèse (mais bien plus intelligent que Louis XVI).

Une bonne étude donc.

Sylvain Bonnet

Matthieu Mensch, Les femmes de Louis XVIII, Perrin, juin 2024, 352 pages, 23 euros

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