La Maison des Soleils, à travers le temps et l’espace

Astrophysicien, Alastair Reynolds, qui a collaboré avec Artur C. Clarke, est connu des amateurs pour son cycle des « Inhibiteurs » et a publié récemment un excellent roman, Eversion. C’est aussi un très bon auteur de novellas, notamment publiés au Bélial : citons De l’espace et du temps et La millième nuit, qui introduisait la maison Gentiane et ses deux représentants Campion et Purslane. On les retrouve dans ce roman très ambitieux qu’est La maison des soleils.

Dans un futur lointain… La guerre ?

Assis près de la plage, on profitait de cette chaude soirée. Sur le monde des Centaures, la nuit était différente. Comme la planète tournait autour d’une étoile chargée en radiations ultraviolettes, les Aménageurs avaient englobé l’atmosphère dans une bulle protectrice, un bouclier que les Centaures toléraient, contrairement à la coque blindée qu’il aurait fallu si la Maison des Phalènes avait déplacé leur système solaire. 

L’humanité s’est répandue dans la galaxie, loin de la Terre, des civilisations naissent, s’épanouissent, meurent aussi. Mais il y a une constante, les Lignées. Ce sont des familles de clones, généralement un millier, qui voyagent et explorent le cosmos dans des vaisseaux conçus pour de longs voyages (et qui disposent d’installations cryogéniques). Ils se réunissent une fois tous les deux cent mille ans (comme dans La millième nuit). Et une nouvelle réunion de la Lignée Gentiane va bientôt avoir lieu. Campion et Purslane (qui vivent en couple malgré que ce soit interdit) se préparent à s’y rendre. Ils ont avec eux un invité, un robot nommé Hespéros. Une bonne surprise pour leur réunion…

Sauf qu’il n’y a pas de réunion. Arrivés en retard, Campion et Purslane découvrent des épaves : la majeure partie de la Maison Gentiane a été assassinée, même s’ils découvrent des survivants. Les deux clones échappent au piège, récupèrent des survivants et prennent le cap d’une planète de secours. Pourquoi a-t-on voulu les massacrer ? Commence pour les deux un voyage au-delà de leurs limites habituelles, où certaines machines veulent se venger d’un massacre oublié, par-delà les manipulations d’une Lignée oubliée, la Maison des Soleils… Cela se terminera dans la galaxie d’Andromède.

Vertigineux !

Reynolds livre ici un roman très ambitieux, avec des questionnements qui touchent le lecteur contemporain. La lignée Gentiane subit ici une tentative de génocide mais les Lignées en ont, semble-t-il, également commis un (non, je ne spoilerai pas). Machine, humain, le conflit est-il inévitable ?  Reste aussi l’amour entre Campion et Purslane qui émeut (il n’y a pour autant aucun sentimentalisme chez Reynolds. A vous de voir mais personne parmi les amateurs de SF ne devrait passer à côté de ce roman, signe de plus du grand talent d’Alastair Reynolds.

Sylvain Bonnet

Alastair Reynolds, La Maison des soleils, traduit de l’anglais par Pierre-Paul Durastanti, illustration de couverture d’Amir Zand, Le Bélial, avril 2024, 512 pages, 24,90 euros

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