Tsars sans empire, des princes orphelins

Descendant d’une famille de russes blancs, économiste, Boris Prassoloff livre avec Tsars sans empire une étude sur le destin des survivants de la famille impériale après les deux révolutions russes de 1917. Un sujet à ce jour mal connu.

Des cousins remuants

Les Romanov dont on va parler sont des grands-ducs, des cousins du dernier tsar Nicolas II. Riches, parfois oisifs, ils sont comme toute branche cadette d’une dynastie (songeons aux Orléans face aux Bourbons) enclins à se montrer frondeur contre le souverain. Une branche particulièrement, les Wladimirovitch (descendant du Grand-Duc Vladimir, fils d’Alexandre II), s’est montrée particulièrement remuante. Cyrille s’est par exemple marié contre la volonté de Nicolas II qui lui en garda longtemps rancune. Est-ce pour cela que Cyrille reconnaît le pouvoir issu de la Révolution de février1917 ? L’arrivée des Bolcheviks change la donne. Nicolas II et les grands ducs restés en Russie sont assassinés. Mais il y a des survivants.

Des adversaires peu dangereux pour Moscou

Entre un et deux millions de russes ont quitté l’ex-empire, plongé dans la guerre civile qui voit le triomphe de Lénine face aux troupes de Wrangel et Denikine, pourtant avantagés au départ. Cyrille et son cousin Nicolas vont essayer de s’imposer auprès de cette émigration monarchiste et de créer des structures pouvant s’imposer en Russie en cas d’échec des Bolcheviks… mais cet échec ne vient pas. Pire : Moscou n’a aucun mal à infiltrer ces groupes monarchistes pour mieux les surveiller et éliminer les éléments les plus dangereux. Cyrille a beau se proclamer empereur, distribuer des titres, il règne depuis sa maison de Bretagne sur une illusion. Cela sera pire avec son fils Vladimir qui appellera à soutenir le IIIe Reich lors de l’opération Barbarossa : un soutien dont ne voulaient pas les allemands et une erreur pour un prétendant qui n’avait pas lu Mein Kampf et méconnaissait les projets de colonisation allemande à l’est… Pourtant, à la chute du mur, Eltsine et certains de ses conseillers ont très sérieusement envisagé de le placer sur le trône.

Un vrai roman que la vie de ces prétendants !

Sylvain Bonnet

Boris Prassoloff, Tsars sans empire, Perrin, mars 2024, 416 pages, 24 euros

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