« Selfies » : Le département V sous tension

Couverture du roman Selfies de Jussi Adler-Olsen

Né à Copenhague en 1950, Jussi Alder Olsen s’est fait connaître depuis 2007 avec la publication d’une série de romans policiers, relatant les aventures du département V. Selfies en est le septième.

 

Des personnages aux passés troubles, des anti-héros dans l’âme

Qu’est ce que le département V ? A l’origine il s’agit d’un placard. Un nouveau département créé pour se débarrasser de l’enquêteur Carl Morck, un inspecteur de génie mais pourtant relégué à résoudre des Cold Case dont personne ne veut et dont personne ne pense qu’il est possible d’y trouver une réponse. Carl apparaît en premier lieu comme un personnage antipathique. Il fume, il refuse l’autorité, un brin je-m’en-foustiste, désagréable avec la plupart des ses collègues à qui il aime mettre des bâtons dans les roues.
C’est aussi une âme blessée suite à une fusillade dont il est le seul à en être sorti indemne.

Le département V, c’est Assad, l’homme d’entretien. On ne sait pas d’où il vient. On ne peut que deviner son passé au fur et à mesure des romans, un passé qui ne semble pas être aussi innocent que ce petit homme basané au sourire indéfectible semble vouloir le faire croire.
Il y a également Rose, la secrétaire, qui a échoué à l’école de police. Et pourtant elle se révèle être un élément précieux dans la résolution des enquêtes malgré une schizophrénie latente…

Le dernier venu dans cette équipe disparate est Gordon. Grand échalas dégingandé, un brin idiot, follement amoureux de Rose, il semble être davantage une épine dans le pied de Carl qu’autre chose… Et pourtant son esprit d’enquêteur se révèle au fur et à mesure être un atout pour le département.

 

Plusieurs histoires enchevêtrées 

C’est dans ce cadre que s’ouvre Selfies. Anneli est assistante sociale. Toute la journée elle est confrontée à des jeunes femmes belles, superficielles, qui tentent encore et encore d’obtenir de nouvelles allocations sans pour autant lever le petit doigt, raffolant des émissions de télé-réalités et des selfies. Anneli est tout leur contraire. La cinquantaine, célibataire, petite femme morne et en apparence sans caractère, dont le travail n’obtient pas la reconnaissance de ses supérieurs et de ses collègues.
Mais voilà. Anneli apprend qu’elle a un cancer. Elle va mourir. Pourquoi devrait-elle disparaître alors que des « parasites » gambadent tranquillement à l’air libre dans les rues de Copenhague ?
La septième enquête du département V est lancée. Ou devrais-je dire les enquêtes numéro 7, 8, 9, 10 et 11 ?

Car initialement, Carl, Assad et Gordon se sont penchés sur l’assassinat d’une professeure quelques années auparavant. Quel est le lien entre l’assassinat de Stephanie Gundersen et celui de Rigmor Zimmerman, il y a deux semaines ? Qui est Rigmor Zimmerman ? Quel lien avec Anneli et que représente-t-elle pour Rose ?
Et par ailleurs où est Rose … ?

Comme dans chacun de ses romans, Jussi Adler Olsen prend son temps et montre encore une fois qu’il manie à la perfection l’intrigue en sablier. Chaque chapitre de Selfies, énoncé par une voix différente, nous rapproche un peu plus du dénouement final. Et bien que le lecteur, par ce jeu de voix, connaisse en amont la solution de l’une des enquêtes, il faudra attendre la fin du livre pour connaître la conclusion des autres… Et autant vous dire que Jussi Adler Olsen s’est fait un malin plaisir à couper le fil blanc quand le lecteur semble convaincu d’avoir enfin trouvé la solution…

 

 

L’histoire sous les histoires, le fil conducteur de la série

Au-delà des différentes enquêtes résolues ou en passe de l’être par le département V, la véritable trame de cette série de romans est le passé des différents personnages principaux. Et Selfies est une clef de voûte car il nous apporte enfin la solution concernant celui de Rose.

On ne connait cependant toujours pas la vérité sur la fusillade qui a conduit Carl au sous-sol et Hardy dans un fauteuil roulant. On ne connait toujours pas l’histoire d’Assad, qui derrière son café trop fort, ses maximes sur les dromadaires et ses fautes de danois, semble être bien coriace pour un simple réfugié politique…

Je ne sais pas vous, mais en ce qui me concerne, j’ai hâte de lire le 8e tome de cette série et enfin de découvrir la face sombre de notre gentil Assad… Et pour les fanas, sachez que les trois premiers tomes ont été adaptés en film.

 

Margot Baudonivie

 

Jussi Adler Olsen, Selfies, traduit du danois par Caroline Berg, Albin Michel, avril 2017, 619 pages, 22,90 euros

 

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