Cédric Cham, Mort à vie, le polar carcéral

Cédric Cham nous avait régalé ou plutôt tétanisé dans son précédent livre Broyé, il remet ça avec un point commun, la captivité. Cette fois-ci, dans Mort à vie on découvre l’univers des prisons françaises et, sans être dans un cloaque à l’autre bout du monde, nos prisons ont de quoi vous retourner un homme.

Dans un précipice sans fond

L’ouverture se referme déjà derrière eux. Bloquant la lumière du jour. Un jour où le soleil lutte contre les nuages. Un jour où le ciel se pare de couleurs. Un jour où le ciel a des teintes d’ecchymoses.

Lukas vie un jour noir, une vie rompue. Il entre en la prison pour la première fois de sa vie. Vie qu’il aurait dû toujours passer auprès des siens, sa femme Camille, sa fille Léana, son frère Eddy. Lukas tombe dans un précipice sans fond. La cause de tout ça, son petit frère qu’il a toujours essayé de protéger mais qui est son antithèse. Lui, une vie tranquille, Eddy, une vie de débauche et de galère. Jusqu’au jour où, défoncé, Eddy percute et tue un enfant avec la voiture de Lukas. 

La porte claque dans son dos. Raclement de l’acier contre l’acier. Clés qui tintent. Verrou qui se bloque. Les échos d’une sentence. Irrévocable. Il y est. Bouclé. Enfermé.

C’est ce dernier qui va endosser ce crime et se retrouver enfermer. Mais pourquoi se laisser faire, pourquoi remplacer Eddy, pourquoi s’accuser sans sourciller, sans arrières pensées ? Pour lui qui avait un boulot tranquille, une famille normale, le choc est violent. De ses débuts dans une première cellule qu’il partage avec deux comparses qui vont lui donner les premières clefs pour apprendre à accepter l’enfermement, pour apprendre à comprendre les rouages et à se défendre. Que choisira-t-il ou plutôt aurait-il le choix ? 

Entre quatre murs

Cédric Cham aime nous faire souffrir. Mort à vie nous fait expérimenter ce que l’on a toujours redouté au plus profond de nous, se faire arrêter et enfermer pour un crime que l’on n’a pas commis. Se retrouver comme un pestiféré et passer d’une vie paisible entouré de ses collègues, de sa famille, a une vie entourée de quatre murs qui ne parlent pas et au contraire nous effraient.

Ce qui s’apparente au début comme une intrigue de série B classique, s’entremêle très vite de sentiments éprouvants qui vous dissèquent l’humanité et vous laissent apparaitre l’inévitable, l’intolérable. Ce sentiment de culpabilité qui peut nous mener à des actes déraisonnables…

Oui Cédric Cham nous met dans une posture vraiment déplaisante avec cette sensation de claustrophobie pour laquelle on ne perçoit ni rayon de soleil, ni optimisme. Et c’est là tout son talent.

Xavier de La Verrie

Cédric Cham, Mort à vie, Jigal polar, octobre 2020, 320 pages, 19 eur

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