Les rencontres de Michaël Lonsdale
Né en 1931, le comédien Michaël Lonsdale a joué avec les plus grands metteurs en scène et cinéastes. Il a également rencontré, on s’en doute, un grand nombre de personnalités connues et aimées du public. Ça va de soi ! C’est également l’une des voix chrétiennes les plus appréciées. Avec ce talent, mais aussi cette élégance et cette délicatesse qu’on lui connait, et qui tranchent avec la grossièreté de l’époque, et de certains vilains personnages un peu trop envahissants, il nous raconte, grâce à la plume de Patrick Scheyder, les belles rencontres qui ont éclairé son chemin.
Michael Lonsdale est un homme délicieux, élégant et raffiné. Il en va certainement de même des personnalités connues qu’il évoque dans cet ouvrage paru chez Bayard. Et c’est ainsi qu’il les présente dans sa préface :
Les personnalités qui peuplent ce livre m’ont aimé, inspiré, marqué à jamais. Par leur génie, leur attention, leur amitié, elles ont transformé le petit garçon timide que j’étais en homme et en artiste. »
Il est vrai que nous avons tous fait l’expérience de ces rencontres humaines décisives, transformatrices. Cependant, Michaël Lonsdale va plus loin. D’abord, il ne se contente pas d’évoquer simplement des vedettes. Il veut aussi aborder des animaux, ou des plantes « qui semblent vous envoyer un signal, un « bonjour » chaleureux. » On ne pouvait que s’y attendre. On en sait beaucoup plus sur Michaël Lonsdale maintenant, depuis qu’il a incarné Frère Luc à l’écran qu’il évoque dans cet ouvrage, et qu’il a publié plusieurs livres autour de sa foi. On connait Lonsdale et son amour pour l’existence, pour les hommes, pour le ciel, pour la nature. Car il est « résolument du côté de la vie ». Ce qu’il communique dans ce livre, c’est son amour pour les gens, pour les formidables personnes qui ont peuplé son monde, mais aussi son amour pour « cette création mystérieuse qui nous entoure et à laquelle nous participons ».
Parmi ces personnalités connues, on trouve Laurent Terzieff, Marguerite Duras, Jean Tardieu, Luis Buñel, Jean-Pierre Mocky, Samuel Beckett, Jean-Marie Pelt, Marcel Arland, Tania Balachova, Georges Pérec, Aimé Césaire. Tous ont eu une influence immense sur le cours de sa vie.
Pour chacun, Lonsdalle a un mot particulier, comme pour Samuel Beckett dont il dit :
J’ai beaucoup d’amitié et de respect pour Beckett : c’était un homme bon qui se préoccupait des autres. Je pense à lui comme à une sorte de saint laïc. »
Il raconte des souvenirs de tournage, comme avec Luis Buñel, qui lui demande de lever son verre plus haut toujours plus haut : « je lève encore : « Non, Lonsdale, encore plus haut. – Mais enfin, Don Luis, pourquoi dois-je lever mon verre si haut ? » Il fit mine de ne pas entendre, alors je dépêchais l’assistant auprès du maître qui revint avec cette réplique : « Parce que ça lui fait plaisir ! »
Et puis, il y a cette tendresse lorsqu’il parle de Marcel Arland : « Marcel ne faisait que parler de littérature, c’était son monde, un monde auquel j’ai adhéré sans réserve. Il m’a appris la recherche du sentiment vrai, qu’il appelait « pur ». Il était expert pour dénicher les artifices d’écriture, la technique qui supplée à la vérité de l’expression. C’était un grand pédagogue ; il m’a initié à Chateaubriand, à Balzac, à Charles Baudelaire. »
Mais il aborde aussi ses rapports tendres avec sa mère, cet « esprit libre ».
Oui, maman a toujours écouté son cœur, chose peu commune chez une femme de son époque et de son milieu ».
Sans compter, bien évidemment, ses rapports avec la foi. De la part de Michaël Lonsdale, on aurait été étonné : « La foi, c’est croire en Christ, essayer de vivre en manifestant ce qu’il nous conseille. Il incarne avant tout un Dieu d’amour, de générosité, de bonté, d’accueil ; toutes choses qui honorent l’homme. »
Au milieu de tous ces personnages, ses souvenirs d’enfant, d’adolescent, d’adulte. La mort de sa mère, ses tournages, sa visite du monastère des moines de Tibhirine. Nul pathos, nulle tristesse. Comme l’acteur le dit si bien, il n’est « pas un homme porté à la mélancolie ».
Et il y a probablement le chapitre que je préfère particulièrement dans ce bel ouvrage, celui à propos de Thérèse de Lisieux et des fleurs. Ces fleurs, qui sont « des anges qui nous transmettent un message de beauté et de transcendance », et qu’il associe toujours à cette petite sainte, qui est Thérèse de Lisieux, et qui le touche particulièrement.
Ce livre est l’occasion de parler d’hommes et de femmes qui ont habité le cœur de l’acteur, de retrouver quelques souvenirs qui ont marqué son existence, de reconstituer le fil de la vie, et de parler de la foi, du paradis comme Michaël Lonsdale le voit, bordé de fleurs, « un jardin plein de musique, un jardin où l’on chante ».
Marc Alpozzo
Michaël Lonsdale, Mes étoiles, les rencontres qui ont éclairé mon chemin, Bayard, novembre 2018, 250 pages, 7,80 eur