Mon frère, la dette de la fraternité

Une valeur sûre

Daniel Pennac est d’abord connu comme l’auteur du cycle de Benjamin Malaussène inauguré par Au bonheur des ogres et La Fée carabine, qui fut d’abord publié à la Série noire par Robert Soulat avant de passer dans la collection « blanche ». A la base de ce cycle, il y a l’idée du bouc émissaire qu’est Benjamin Malaussène, au sein de sa famille assez « borderline » à qui arrive des aventures noires et cocasses. On est très loin de Manchette, à qui beaucoup l’ont opposé. Il n’est cependant pas interdit de lire les deux. Pennac vient de renouer avec son personnage avec Ils m’ont menti, premier tome du cas Malaussène, paru l’année dernière. Il a également écrit pour la jeunesse avec le cycle de Kamo, avec L’Agence Babel (Folio, 1992) et L’Idée du siècle (Folio, 1993).

Un essai aux résonnance autobiographiques

Mon frère est un d’abord un récit autobiographique, narrant les souvenirs du frère décédé, Bernard, et alternant avec des extraits de l’adaptation théâtrale de Bartleby d’Herman Melville que Pennac a lui-même interprété. On sait qu’il avait déjà tâté de l’autobiographie avec Chagrin d’école (Gallimard, 2004). Nous ne sommes pas ici face à un roman, plutôt face à une sorte d’essai autour de la fraternité et du deuil. Pennac estime que son frère l’a plus élevé que ses parents. De lui, il écrit cette phrase magnifique :

Pour silencieux qu’il fût, c’est ce frère qui m’apprit à parler. Et d’ailleurs à lire, plus tard, les romans qu’il aimait. Donc à écrire. »

Au cœur du mystère Pennac

Daniel Pennac nous invite ici dans son intimité d’homme et d’écrivain. Comment est-il devenu l’homme qu’il est ? Il fait ici de son frère Bernard presque le père de sa pulsion d’écriture. Sans Bernard, pas de Daniel donc ! Et il n’en finit pas de son deuil, orphelin de ce frère qui était aussi son meilleur ami. Entre hommage et retour sur soi, Mon frère, écrit dans une langue claire et émouvante, touche en tout cas la corde sensible chez son lecteur qui ne voulait pas a priori être ému.

 

Œuvre mineure de l’auteur de La Petite marchande de prose, cet ouvrage rappelle en tout cas combien un frère aîné peut être utile dans une vie d’homme.

 

Sylvain Bonnet

Daniel Pennac, Mon frère, Gallimard, avril 2018, 144 pages, 15 euros

 

Mon Frère est également disponible en CD lu par Daniel Pennac lui-même (Gallimard, « Ecoutez lire », mai 2018, durée 2h30, 16,90 euros)

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