Angélique Arnauld, l’icône du jansénisme

Professeur des universités, Agnès Walch est connue du public des amateurs d’histoire depuis la publication de Duel pour un roi, Mme de Montespan contre Mme de Maintenon (Tallandier, 2014). Elle a également publié un très utile La vie sois l’Ancien Régime chez Perrin en 2020. Elle a choisi ici d’écrire la biographie d’Angélique Arnauld, célèbre abbesse de Port-Royal et icône du jansénisme.

Une vie remarquable

Avant d’être cette icône, la jeune Angélique a été une enfant rebelle, destinée à être religieuse par son grand-père. Dès son enfance, on la destine à être abbesse, ce qu’elle devient à neuf ans. Son caractère indocile va contrarier son apprentissage mais elle s’y fait au bout de quelques années. Après avoir triomphé de ses préventions initiales, Angélique Arnauld, aidé par sa famille dont son plus jeune frère, le fameux Antoine, se rapproche des grandes consciences de son temps : François de Sales et bien sûr Saint-Cyran. Ce dernier est un janséniste, partisan des thèses de Jansenius et d’une conception très particulière de la grâce divine. Notons que les jansénistes, accusés de néo-protestantisme, se sont opposés aux jésuites, source de beaucoup de tracas pour Louis XIV et Louis XV…

Une religieuse célèbre

On n’en est pas encore là au temps d’Angélique Arnauld, qui se fait connaître et apprécier par son rigorisme moral dans le cadre de la contre-réforme catholique. Port-Royal attire beaucoup de gens de la cour, malgré ici et là de l’irritation de la part du gouvernement. Durant la Fronde, Angélique Arnauld se montre loyale envers Mazarin, malgré l’exil d’Antoine Arnauld. Notre abbesse prône toutefois toujours la soumission au pouvoir, royal ou papal, ce qui lui épargne la persécution qui s’abattra sur Port-Royal, dirigée par une autre Angélique (sa nièce), à la fin du règne de Louis XIV. Cette biographie réussie est un portrait subtil d’une femme assez complexe et difficile à comprendre dans notre époque détachée du religieux.

Sylvain Bonnet

Agnès Walch, Angélique Arnauld : dissidente et janséniste, Tallandier, septembre 2024, 384 pages, 23,50 euros

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