Les opérations de déception, ruses de guerre

Une autre façon de se battre

La guerre n’est pas que l’affrontement sanglant de gros bataillons. Elle consiste aussi à savoir tromper l’ennemi sur ses véritables intentions, en ayant recours à la ruse (la « métis » des grecs anciens) et à tous les stratagèmes possibles. C’est ce qu’on appelle en langage militaire la déception. L’ouvrage de Rémy Hémez, Les Opérations de déception, raconte donc les grandes opérations de déception du passé et jette un coup de projecteur sur notre actualité marquée par le retour de la guerre en Europe depuis l’invasion russe de l’Ukraine.

Gagner par la déception ?

Se servir de stratagèmes pour intoxiquer l’ennemi est vieux comme la guerre. Sans doute que la généralisation des gros bataillons, l’industrialisation de l’armement ont conduit à préférer la rapidité et le choc du feu aux ruses de guerre. Mais celles-ci ne disparurent jamais, on le voit dans ce livre en particulier avec les conquêtes coloniales. La grande guerre voit les opérations combinées de déception naître (les britanniques en viennent par exemple à laisse voler au Moyen-Orient une sacoche contenant des plans, tous faux, pour intoxiquer les turcs).

C’est cependant avec la Seconde Guerre mondiale, surtout du côté des britanniques (décidément à la pointe du progrès) qu’on voit les opérations de déception se multiplier. « Fortitude », avant le débarquement, en est l’exemple le plus achevé et une réussite totale : Hitler laisse ainsi des troupes pendant un mois dans le Pas-de-Calais, croyant que le débarquement en Normandie n’est qu’une diversion… du côté soviétique, la Maskirovka est employé avec un succès croissant, notamment face au Japon en Mandchourie.

Et maintenant ?

On a vu récemment la Russie monter des opérations de déception, notamment en Crimée en 2014, combinant trolling, fausses informations et faux SMS, intoxication des réseaux sociaux, plutôt réussies. Il est étrange qu’ils n’aient pas essayé de refaire la même chose en 2022… L’intelligence artificielle va probablement aussi changer beaucoup de choses, y compris au niveau du camouflage des combattants. Le XXIe siècle verra donc la déception atteindre des niveaux insoupçonnés…

Sylvain Bonnet

Rémy Hémez, Les Opérations de déception, Perrin, septembre 2022, 416 pages, 24 euros

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