Servir l’empereur ou trahir la France ? L’ambition et le devoir

Biographe de Caroline Bonaparte (Perrin, 2014) et Pauline Bonaparte (Perrin, 2018), Florence de Baudus est une écrivaine qui, à force de se frotter à l’histoire, est devenue elle-même  historienne. Servir l’empereur ou trahir la France est un essai qui se penche à ceux qui ont choisi, venant d’horizons très différents, de soutenir Napoléon.

Une époque incomparable

Ceux et celles qui sont décrits dans ce livre ont vécu un changement majeur : durant des siècles, la fidélité au roi de France ne faisait aucun doute, y compris pour les protestants des guerres de religion. Or la Révolution, en renversant puis en exécutant Louis XVI, évènement inconcevable dix ans avant, a jeté dans le chaos émotionnel bon nombre de français. Or beaucoup, au fur et à mesure, se sont ralliés au régime fondé par Napoléon. Florence de Baudus propose une succession de portraits très divers, d’un scientifique comme Monge à un écrivain comme Fontane, de l’infortuné Caulaincourt, diplomate tourmenté, à madame de Staël, l’égérie libérale qui tenta de séduire Bonaparte ! On trouve même la propre mère de l’empereur, Letizia Bonaparte, et… le pape Pie VII !

Un choix décisif

Certains venaient du royalisme comme Elie de Baudus, ou des rangs révolutionnaires comme Monge. Tous ont choisi de se rallier à Bonaparte, séduits par sa personnalité, son ambition, sa force de travail, son talent aussi. Avaient-ils pour autant abandonné leur esprit critique ? Pas le pape bien sûr dont la mission spirituelle assurait le rayonnement, même enfermé à Fontainebleau. Pas madame de Staël aussi, même si elle ne renia jamais sa fascination initiale. On a de la sympathie pour Caulaincourt, convaincu que son maître allait à sa perte mais mettant sa loyauté envers lui au-dessus de tout. Beaucoup ont été devant un autre choix : faut-il le trahir pour éviter le pire ? Cornélien et passionnant.

Sylvain Bonnet

Florence Baudus, Servir l’empereur ou trahir la France, Passés composés, septembre 2024, 300 pages, 23 euros

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