« Requiem pour le rêve américain », la charge de Chomsky

couverture de Requiem pour le rêve américainVoici « Requiem pour le rêve américain », une charge, un réquisitoire extrêmement féroce contre un monde aujourd’hui mort, une Amérique qui n’a jamais produit autant d’inégalités, et autant réduit la mobilité sociale.

 

Inutile de présenter le linguistique et philosophe Noam Chomsky, dont l’engagement contre une forme dépravée de libéralisme et de capitalisme n’est plus à prouver. Les éditions Climats proposent aujourd’hui un nouvel essai du penseur américain, qui revient, une fois de plus, sur l’Amérique, ses mandarins, sa raison et sa liberté, offrant un essai à charge contre l’Amérique de Donald Trump, et ses nouveaux idéaux.

 

 

La terre des libertés individuelles attaquée

Ce sont moins de 130 pages sans concession contre la terre des libertés individuelles qui sont aujourd’hui publiées. Pour la première fois de son histoire, dit Noam Chomsky, le rêve américain est cramoisi, au point mort. L’idéal d’un monde meilleur si valorisé dans les années 50 et 60 s’est transformé en un vaste cauchemar pour la plupart des américains. Réduction de la démocratie, refonte de l’économie, destruction de la solidarité, trafique des élections, mise au pas du peuple, marginalisation de la population, bref, en seulement 10 principes, Noam Chomsky dresse un bilan désastreux du pays du rêve et de la liberté. Il signe l’échec du modèle américain et de ses idéaux.

 

Que s’est-il passé ?

La politique devenue une farce démocratique, l’économie de marché une concurrence entre travailleurs sous-exploités du monde entier, la solidarité une illusion de masse, les accusations du penseur américain sont sans appel, et extrêmement inquiétants. L’Amérique autrefois terre de nouvelles promesses, devenue aujourd’hui le lieu des inégalités croissantes et de la fin des perspectives. Que s’est-il passé ?

 

La concentration des richesses aboutit à la concentration du pouvoir », le transfert de la charge à « renforcer l’extraordinaire concentration de richesse, et avec elle la stagnation pour le reste de la population ».

 

Le peuple mis au pas

La critique interdite, sous peine d’être considérée un complot contre le peuple américain ; la démocratie constamment réduite afin « que le pouvoir soit aux mains des riches » et que le peuple ne puisse jamais se rassembler pour « enlever le pouvoir aux riches » ; la mise au pas du peuple ; la fabrique de consommateurs et par ricochet de consentement.

 

Si l’on peut fabriquer des besoins, faire de l’obtention de choses qui sont presque à leur portée l’essence même de leur vie, les gens sont pris au piège et deviennent des consommateurs. »

 

Requiem pour le rêve américain, un réquisitoire contre l’Amérique de Trump

Le réquisitoire contre cette Amérique de Trump, inégalitaire et fausse, est d’une noirceur telle, que ce Requiem pour le rêve américain devient pénible à lire, à force de révélations et de constats, plus fracassants les uns que les autres. Cette société fondée sur la vile maxime d’Adam Smith : « Tout pour nous rien pour les autres » dit Chomsky joue non seulement avec l’avenir des pauvres, mais avec l’avenir de l’humanité. « L’avenir me paraît sombre. Nous sommes vraiment confrontés à de graves problèmes. Il y a une chose qu’on ne doit pas ignorer : nous sommes à un stade de l’histoire où pour la toute première fois nous sommes littéralement face à la question de la survie de l’espèce. L’espèce peut-elle survivre, du moins sous une forme décente ? C’est un problème véritable. »

 

Cet essai à charge est aussi un essai activiste, qui nous encourage à lutter contre le nouvel ordre mondial, et à comprendre les différents principes de son déploiement, afin de mieux le combattre, trouver de nouveaux moyens d’action politique, afin de produire un changement principal, car ce qui compte en définitive, « ce sont les innombrables petits actes de gens anonymes, qui jettent les bases des événements significatifs qui entreront dans l’Histoire. »

 

Marc Alpozzo

 

Noam Chomsky, Requiem pour le rêve américain, Climats, octobre 2017, 140 pages, 14 euros

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