Romy Schneider intime

Romy Schneider intime est l’édition française d’un livre allemand paru en 1998. Son auteure, Alice Schwarzer est une féministe convaincue. Lorsqu’en 1977 elle lança dans son pays la revue Emma, elle réussit à convaincre Romy d’y participer. L’actrice déjà ô combien célère se confia plus qu’elle n’en avait l’habitude. De là naquit une amitié qui déboucha sur ce livre.

Le concept est, globalement, de raconter Romy face aux hommes de sa vie. Son père (trop absent), son beau-père (trop présent) puis ses amants et ses maris. Des hommes avec qui elle eut toujours, à un moment ou un autre, des rapports conflictuels. Et si ses relations lui apportèrent, pendant un temps plus ou moins long, un peu de baume, elles finirent inévitablement par la ronger, par la miner. Elle dépensa vraiment son temps à jouer avec le feu, s’y brûlant plus souvent qu’à son tour.

C’est en cela que ce livre nous fait entrer dans son intimité.

Les femmes n’y sont d’ailleurs pas absentes et l’on découvre au détour d’un chapitre qu’elle eut une liaison avec une actrice française célèbre (je vous laisse le soin de la découvrir, si je puis dire, par vous-même).

 

Romy Schneider et Alain Delon dans « La Piscine » (1969)

 

Le véritable attrait de cet ouvrage se situe dans le fait qu’il resitue Romy au sein de son époque et de son pays. Elle naquit en Autriche juste avant la Seconde Guerre Mondiale et, d’une certaine manière, en eut à payer les conséquences. Des parents qui ne connurent pas la disette mais qui, parce qu’ils appréciaient trop Hitler, connurent une forme de disgrâce. Et puis une Allemagne en pleine reconstruction ne parvenant pas à se débarrasser d’antiques traditions. Une période de transition mais aussi de déchirements.

Alice Schwarzer nous dresse ainsi le portrait de la femme allemande durant cette seconde moitié du vingtième siècle. Assujettie alors qu’elle commençait à rêver de nouveaux horizons. Obligée de se taire alors qu’elle souhaitait crier sa soif de vivre. Telle fut, en tous les cas, Romy Schneider. Elle dut combattre son entourage mais aussi son pays qui lui reprocha d’avoir « abandonner » Sissi. Vivre libre coûte cher.

Cela nous sort de la biographie classique. On frôle presque l’étude historique. Et les jeunes lecteurs tomberont de haut en se rendant compte que cela c’était hier…

 

Romy Schneider et Philippe Noiret dans « Le Vieux fusil » (1975)

 

Au passage l’aspect strictement cinématographique y est sacrifié, et c’est normal. On y parle moins de l’actrice que de la femme. À travers ses propos, ses réflexions mais aussi des extraits de son journal intime (paru en France sous le titre Moi, Romy – Michel Lafon, 1989).

Au final, apparait Romy sans fard : une femme à la fois déterminée et fragile, capable de tout claquer (y compris son argent) pour raisons d’amour, mais aussi susceptible d’entrer dans de spectaculaires colères dès qu’elle se sentait trahie. Une femme dont beaucoup trop d’hommes ont profité. Mais n’eut-elle pas la faiblesse de s’offrir trop facilement à eux ?

Une femme que le sort n’a pas épargnée, transformant son parcours en un manège de montagnes russes des plus dangereux…

 

Romy Schneider éternelle Sissi…

 

Pour ma part, en tant que « spécialiste » du septième art, j’ai relevé quelques incohérences. 

Je ne sais pas quelle version de La Piscine a été projetée en Allemagne mais écrire que « on voit beaucoup Romy Schneider en bikini, mais c’est tout » c’est oublier un peu vite qu’on l’y voit nue et qu’elle rayonne tout le long du film d’une incroyable sensualité. Sans elle, le film ne valait pas tripette.

De même affirmer « quel dommage qu’elle n’ait pas joué de véritable comédie ! », c’est gommer la délirante pochade que fut Quoi de neuf Pussycat, écrite par Woody Allen (certes Romy y était plus discrète que la pétulante Ursula Andress). De plus, pris au troisième degré, Les Innocents aux mains sales peut se révéler très drôle !

Et si Le Vieux fusil fut, effectivement un « énorme succès populaire », tel ne fut pas le cas pour L’Important c’est d’aimer qui dut se contenter d’1,5 millions de spectateurs en France. 

Bien entendu tout ceci ne diminue en rien ni l’aura de Romy ni l’intérêt de cet ouvrage. Je suis réputé être tatillon, donc je persiste et signe !

Romy Schneider, intime constitue un pas de plus pour comprendre la personnalité complexe de l’ex-Sissi. Un ouvrage indubitablement utile sur une star qui restera à jamais à l’Europe ce que Marilyn fut à l’Amérique. Mais sans doute pas le dernier…

 

Philippe Durant

 

Alice Schwarzer, Romy Schneider intime, L’Archipel, août 2018, 191 pages, 18 euros

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