L’Archipel des oubliés de Nicolas Beuglet

Nicolas Beuglet clôt la trilogie ouverte par Le Dernier message et complétée par Le Passager sans visage. On retrouve Grace Campbell, inspectrice écossaise, aux prises avec la multinationale insidieuse Olympe qui poursuit son travail de domination du monde. Quelles aventures et quels terribles secrets attendent notre héroïne dans L’Archipel des oubliés ?

Un nouveau duo

Grace Campbell est à peine revenue de sa précédente aventure contre Olympe qu’une policière norvégienne débarque dans son bureau. Ce n’est autre que Sarah Geringën, héroïne de la première trilogie de Nicolas Beuglet (Le Cri, Complot, L’Île du Diable). Deux caractères opposés, deux forces différentes, mais deux femmes qui ont la même foi et la même volonté : détruire Olympe, dont elles ont été toutes les deux victimes. Meurtries chacune à leur manière, elles vont unir leur détermination pour tenter de vaincre leur ennemi commun. Et tenter de sauver l’humanité d’un complot terrible visant d’abord à l’abrutir puis à la dominer.

Dans cette lutte, vite lâchées par leur hiérarchie, elles ne peuvent compter que sur elles-mêmes. Et sur un élément important volé dans le coffre du passager : des données GPS. Elles les conduisent à une étrave maison, comme une tour, isolée du monde, en pleine forêt. Ce n’est pourtant que la première étape d’un périple qui les conduira du nord de l’Écosse à l’extrême sud de la planète, en passant par le Loch Ness et le trop fameuse hôpital psychiatrique de Gaustad que les lecteur de Beuglet connaissent bien…

Détruire le monde pour le sauver ?

Au-delà de l’enquête, Nicolas Beuglet pose une vraie question sur l’avenir de la société humaine. Peut-elle continuer sur son modèle sur-consumériste et invasif ? L’archipel qui donne le titre au roman est-il un havre de paix et de résistance ou bien la dernière lubie du maître d’Olympe qui veut dominer le monde ? Grace et Sarah vont devoir mêler leurs forces, leur détermination et leur courage pour atteindre

Outre le plaisir non feint de voir les personnages et les intrigues de six romans se réunir comme dans une apothéose, voir que le polar sert à mettre en question un choix de civilisation même. Il n’est pas question ici d’écologie ou d’autres causes qui nourrissent certains thrillers français, mais de quelque chose de beaucoup plus fondamental. Une réflexion sur ce que l’homme a fait de la terre, pourquoi il a été mû à le faire, et pourquoi cet élan va se briser, emportant toute l’évolution vers une régression barbare.

Et pour mettre en place cette hypothèse, Nicolas Beuglet fonde son intrigue sur un grand nombre de faits réels. Il donne même une bibliographie en fin de volume pour appuyer la réflexion de ses lecteurs. Au fond, c’est cela qu’il veut atteindre, à travers un thriller mené tambour battant : que la question demeure.

L’Archipel des oubliés clôt admirablement cette série de six romans haletants qui mettent des héroïnes au cœur de l’action.

Loïc Di Stefano

Nicolas Beuglet, L’Archipel des oubliés, XO éditions, septembre 2022, 395 pages, 20,90 euros

Laisser un commentaire