« Seven to Eternity », quand l’indé US modernise l’heroic fantasy
Avec Seven to Eternity, Rick Remender et Jerome Opeña vous offrent de l’heroic fantasy exigeante et étonnante. Un des titres essentiels de cette année 2017.
Au royaume de Zhala, l’être le plus terrifiant s’appelle le Maître des Murmures. Ce roi tyrannique promet aux habitants d’exaucer leurs vœux les plus chers. Mais ce don a un prix : celui qui l’accepte offre au Maître des Murmures un accès total à ses cinq sens. Il y a des années, Zed Osidis a refusé de capituler. Lui, son clan et sa famille se sont exilés, et ont pris la route pour errer aux confins du royaume, dans les régions inhospitalières. Mais le Maître des Murmures n’a pas oublié Zed. Ses terribles assassins royaux ont trouvé Zed et l’ont massacré. C’est à son fils, Adam, qu’il revient dorénavant d’honorer la mémoire de son père. Et surtout de tenir la promesse qu’il lui a faite : ne jamais accepter l’offre du Maître des Murmures. Seulement les siens vivent maintenant dans la misère : pourra-t-il résister longtemps ?
Un univers énigmatique
On peut décrire les travaux du scénariste Rick Remender de bien des façons. Mais le terme « accessible » arrive rarement en tête de liste. L’auteur ne craint jamais de créer des mondes ésotériques, préférant l’immersion du lecteur à l’explication. Les premières pages de Seven to Eternity résument bien cette idée : un extrait d’un journal intime dont on ne comprend pas immédiatement les tenants et aboutissants, ni même certains vocabulaires. Une introduction un peu sèche, donc qui ne doit pas décourager le lecteur : le jeu en vaut largement la chandelle. Et une fois ce premier tome refermé, on a une idée beaucoup plus claire de ce monde très original.
Seven to Eternity ou le renouveau de l’heroic fantasy ?
Avec Seven to Eternity, le lecteur confiant va découvrir une superbe histoire familiale. Comme souvent chez Remender, le fils hérite de son père, pour le pire sûrement, et parfois, le meilleur. Seven to Eternity se présente sous la forme d’une saga familiale construite autour de flash-back explicatifs. Petit à petit, on prend plaisir à saisir les liens entre le passé (Zed Osidis) et le présent (son fils Adam). Et surtout, il souffle sur cette histoire cette impression extrêmement agréable que tout peut arriver, que Rick Remender peut nous surprendre à tout moment.
Jerome Opeña à son meilleur niveau
Avec Seven to Eternity, on peut affirmer sans exagérer qu’on tient le meilleur travail de Jerome Opeña à ce jour (Fear Agent, Uncanny X-Force). Remender a su trouver le partenaire idéal pour mettre en image son histoire. En effet, Opeña parvient à rendre crédible des idées a priori saugrenues (des flûtistes assassins ?!). Ses designs détaillés et les émotions de ses visages permettent au lecteur de saisir instinctivement certaines notions. Impressionnant.
Stéphane Le Troëdec
Rick Remender (scénariste), Jerome Opeña (dessinateur), Seven to Eternity, tome 1 – le Maître des Murmures, traduit de l’anglais par Benjamin Rivière, Urban Comics, Collection Urban Indies, novembre 2017, 128 pages, 14,00 euros