Sous béton, une expérience limite

De l’expérimentation littéraire en science-fiction

La science-fiction réserve parfois des surprises littéraires et stylistiques. On se souvient ici de Surface de la planète de Daniel Drode, très influencé par le nouveau roman. Et on pourrait citer aussi le grand Philippe Curval, marqué par le surréalisme. Sous béton de Karoline Georges, jeune auteure québécoise, relève de ce type de roman. A ce jour, l’auteure est très peu connue en France et ce roman est d’abord paru aux éditions Alto en 2011 avant d’être repris par Gallimard dans la collection folio SF. Partons maintenant à la découverte de Sous béton

 

Au-delà de nulle part

Epoque : indéterminée. Lieu : une tour au milieu de nulle part. L’enfant vit seul, sans frères et sœurs visiblement liquidés par père et mère. L’enfant vit au fond d’une cellule, entouré de béton. Père s’abrutit de plus en plus, entre deux poussées de violence et mère vit dans l’angoisse de l’expulsion par des agents de l’administration, toujours tatillonne. Car l’expulsion signifie la mort à plus ou moins brève échéance. Prisonnier, l’enfant est pourtant en train de vivre une expérience qui transcende sa conscience individuelle. La tour n’a pas fini de lui réserver des surprises.

 

Un roman très oppressant

Roman court, Sous béton réserve bien des hauts le cœur au lecteur, pourtant habitué aux expériences tous azimuts. La raison en est simple : Karoline Georges utilise avec brio la narration à la première personne, plus propice à l’identification. Ensuite, on reste assez longtemps dans le flou quant à la définition de la tour ou des rapports de l’enfant avec ses parents, puis la tour. On en apprend de belles au fur et à mesure, entre Soleil vert de Harry Harrison (et Richard Fleischer) et IGH de Ballard. Difficile de dire qu’on a « aimé » Sous béton, fiction qui n’a pas peur d’être antipathique.

On est en tout cas épaté par le talent de l’auteure et son côté punk : mon roman est à prendre ou à laisser, semble-t-elle dire. Dont acte et à découvrir.

 

 

Sylvain Bonnet

Karoline Georges, Sous béton, illustration de couverture d’Aurélien Police, Gallimard,  « folio SF », mars 2018, 224 pages, 7,25 euros

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