Tarantino, retrospective

« Pour moi, réussir, c’est être considéré à la fin de ma carrière

comme l’un des plus grands cinéastes de tous les temps.

Un grand artiste, pas juste un réalisateur. »
Quentin Tarantino

 

Il faut avoir un certain âge, pour ne pas dire un âge certain, pour se souvenir des sorties successives de True Romance, Reservoir Dogs et Pulp Fiction. Trois chocs. Trois films qui ont secoué le cinéma policier qui avait tendance à s’encrouter après la « révolution » French Connection. Impossible de sortir indemne de ces projections…

 

Une nouvelle vague à lui seul

Tout à coup, un inconnu jouait avec les codes du genre et, avec un sans-gêne jubilatoire, proposait des œuvres à la fois hommage et rentre-dedans. La violence y côtoyait l’humour, les personnages étaient tous borderline et si les histoires ne manquaient pas de moments forts, rien n’était vraiment à prendre au sérieux. Du pur plaisir. Se rappeler que Pulp Fiction a décroché la Palme d’Or à Cannes (merci M. Eastwood) fait déjà sourire. Ainsi est apparu le nom de Quentin Tarantino. Une nouvelle vague à lui seul. Le bougre a persévéré avec plus ou moins de bonheur pendant que des légions de jeunes cinéastes tentaient de l’imiter voire de le piller. Quentin a laissé une trace indélébile.

 

Un homme d’images

Même si on a loué ses scénarios inventifs, même si on a (trop) dit que ses dialogues étaient brillants, il reste avant tout un homme d’images. C’est pourquoi mieux vaut un album bien illustré qu’une étude bien charpentée. Ici, ce Tarantino, rétrospective respecte les codes du genre en fournissant pléthore de clichés pour chacun des films. Le plaisir est à nouveau au rendez-vous.

 

 

Genèse, tournages et analyses

L’auteur, Tom Shone, (à qui l’on doit un brillant Martin Scorsese dans la même collection) revient sur les œuvres de Tarantino, racontant leur genèse, les tournages et se laissant aller (comme de bien entendu) à une analyse. Shone a une fâcheuse tendance à accumuler les critiques issues de différents journaux, comme s’il se réfugiait derrière, mais cela est de peu d’importance. Le principal reste que l’on plonge dans l’univers de Tarantino. Un univers baroque qui parait constamment en marge du cinéma traditionnel. Car ce trublion est un farouche indépendant qui a pu suivre sa propre voie sans (trop de) contraintes. À sa manière, il est un successeur de Clint Eastwood, l’humour iconoclaste en prime.
À la différence du Scorsese précédemment cité, il ne s’agit pas d’une succession d’interviews du maître mais Quentin est néanmoins bien présent à travers divers commentaires et réflexions. D’autres « témoins » viennent lui prêter main forte.

 

Uma Thurman dans Kill Bill

 

Pour les mal-pensants, je tiens à signaler qu’il est souvent question d’Harvey Weinstein dans cet ouvrage. Il est même présent en photo dès la page 11. Car les frères Weinstein ont beaucoup œuvré pour la carrière de Tarantino, le soutenant de bout en bout… à leur manière.

Tarantino, retrospective est à la fois un bel hommage et une belle approche de l’univers tarantinesque (puisque l’adjectif existe désormais). Il permet aussi de patienter en attendant le prochain film de Quentin ou en attendant de revoir Kill Bill et consorts.

 

Philippe Durant

Tom Shone, Tarantino retrospective, Gründ, novembre 2017, 256 pages, 34,95 euros

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