L’énigme algérienne : un pays si proche et si mystérieux

L’énigme algérienne est un ouvrage paru précédemment aux éditions de l’Observatoire, dû à la plume d’un diplomate expérimenté, Xavier Driencourt. Deux fois ambassadeur de France en Algérie (2008-2012 et 2017-2020), il en a retiré une expérience originale qu’il livre ici aux lecteurs français qui méconnaissent ce pays lié autrefois à la France pendant 132 ans.

Une relation très complexe

On ne reviendra pas ici sur l’histoire de la colonisation ou de la guerre d’Algérie, très bien analysée par des historiens comme Benjamin Stora ou Raphaëlle Branche. Cette histoire nourrit en tout cas une relation souvent conflictuelle et jamais anodine. Des millions de français ont un lien avec l’Algérie, des pieds noirs et de leurs descendants aux Harkis, en passant par les descendants d’immigrés algériens. A Alger, le pouvoir en place depuis 1962 a fondé en grande partie sa légitimité sur la guerre d’indépendance et le rejet de la France… Ce qui n’empêche pas nombre d’entre eux de solliciter l’ambassade, comme le raconte Xavier Driencourt, pour une place pour un de leurs enfants au lycée français ou un autre avantage. Si la France n’est plus aujourd’hui le premier partenaire économique de l’Algérie, elle conserve encore une certaine attractivité. Et puis elle sert aussi de repoussoir… Ce qui n’empêche pas de nombreux étudiants, francophones, de vouloir des visas… l’Algérie bénéficie ici d’un système dérogatoire par l’accord de 1968, que Xavier Driencourt propose de révoquer ou pour le moins de renégocier. A raison car la situation actuelle, pour le moins, n’est plus celle des années soixante.

et à rééquilibrer

Dans ce pays où la liberté de la presse est pour le moins très limitée, les hommes au pouvoir ont l’avantage de très bien connaître la France et son fonctionnement. A l’inverse, nos hommes politiques méconnaissent l’Algérie, semblent souvent gênés par le poids de l’histoire et ne savent pas comment parler à un pouvoir qui bénéficie certainement du fonctionnement un peu mystérieux de ses arcanes. La gauche a toujours en tête l’action de Guy Mollet, la droite se souvient de la politique de dégagement de de Gaulle : personne n’est à l’aise et le pouvoir à Alger obtient généralement ce qu’il veut. Cette relation doit changer surtout que l’Algérie a un potentiel remarquable qui ne demande qu’à s’épanouir.

Sylvain Bonnet

Xavier Driencourt, L’énigme algérienne, Alpha, mars 2024, 272 pages, 10 euros

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