Kid Wolf et Kraken Boy, un autre monde

Auteur de La cité de l’orque (Albin Michel, 2019), Sam J. Miller est encore peu connu dans nos belles contrées francophones. Les éditions Le Bélial nous proposent ici une novella (presque un roman : 192 pages), Kid Wolf et Kraken Boy, qui nous transporte à New York à la fin des années 1920.

De l’amour et de la magie des tatouages

« Vous voulez tout savoir d’Hinky et moi. De Kid Wolf et moi. Et de la manière dont j’ai obtenu ce merveilleux nom idiot. »

Voici deux jeunes hommes du Lower East Side. L’un s’appelle Kid Wolf, il est boxeur et a la rage. L’autre se nomme Teitelstam, on le surnommera bientôt Kraken Boy et est un des meilleurs tatoueurs de New York. Tous les deux sont juifs, tous les deux sont homosexuels. Kid Wolf est bientôt pris en main par Hinky Friedman, une femme qui dirige son gang avec une main de fer. Elle aussi est juive. Elle lance la carrière de Kid Wolf qui enchaîne les combats et les victoires, grâce en partie à une série de tatouages relevant d’une magie à base de glyphes que Kraken Boy a appris à maîtriser et a peint à certains endroits du corps du boxeur. Les deux gars tombent amoureux. Face aux mouvements sociaux, aux briseurs de grève, Hinky, elle, a envie d’essayer de changer le monde. Et Kid Wolf et Kraken Boy vont l’y aider, les tatouages aussi.

« Étant donné tout ce que nous avons connu de l’amour et de la magie, nous nous demandons si un corps humain ne sert pas juste à nous retenir. »

Un petit tour de force

Voici un récit avec deux narrateurs, écrit à la première personne, avec une succession de chapitres assez courts. Miller a rondement mené son affaire, l’histoire est très efficace. Et débouche sur une chute assez surprenante : notre auteur sait distiller ses petits effets. On est ici à la fois dans le fantastique et l’uchronie car le monde décrit diffère du nôtre progressivement : pourquoi pas ? Kid Wolf et Kraken Boy est aussi une histoire amour, émouvante au fond. Une vraie réussite en tout cas.

Sylvain Bonnet

Sam J. Miller, Kid Wolf et Kraken Boy, traduit par Michel Pagel, Le Bélial « Une heure lumière », illustration de couverture d’Aurélien Police, mai 2024, 192 pages, 12,90 euros

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