Mauvaises nouvelles du front, Karma Police d’Hugues Pagan

Policier et écrivain

Ancien enseignant devenu policier durant vingt-cinq ans, Hugues Pagan s’est fait remarquer par ses romans dont un, Dernière station avant l’autoroute, a remporté le Prix Mystère de la critique en 1997. Après plusieurs années de silence et où il a écrit pour la télévision, Pagan est revenu sur le devant de la scène avec Profil perdu en 2017. Paru à l’automne 2018, Mauvaises nouvelles du front regroupe plusieurs nouvelles parues dans des journaux ou des anthologies depuis le début de sa carrière d’écrivain.

Triste Rhapsodie

On découvre au fil de ses récits un narrateur anonyme, commandant de police, qui raconte ses mésaventures sur fond de blues car les flics ici ont le blues. Pour autant, leurs tâches ne sont pas faciles : ramasser le père noël bourré (et laisser le traîneau à la fourrière, compliqué), récupérer un jeune sdf ressemblant au Christ (Tu ne te feras pas prendre, nouvelle très drolatique).

Le pire étant quand les flics, sous l’influence de forces maléfiques, commencent à s’affronter entre eux (Mauvaises nouvelles du front, bien sûr). Notre brave commandant doit alors déployer tout son talent. Surtout qu’il est en proie à la mélancolie :

Bien sûr, que nos vies sont des voyages. Pour la plupart, elles partent de rien et n’aboutissent nulle part. Elles vont d’un envers à l’autre des choses, et c’est pourquoi les ports y tiennent la place qu’occupent aussi nos songes : ce sont des lieux qui se retranchent avec obstination quelque part entre ici et ailleurs, entre maintenant et pour ainsi dire jamais – entre nous et personne. »

La morale de l’histoire

Dans On ferme au noir, notre commandant devra retrouver la seule enfant d’un ancien producteur de cinéma véreux mais ce n’est pas pour autant que la petite connaitra la belle vie. Notre commandant se console en buvant et en écoutant du jazz, une musique aujourd’hui presque oubliée mais qui accompagna nombre de romans noirs : rappelons-nous de Manchette et du Petit bleu de la côte Ouest, cette sorte de bleu dont Miles Davis fit un disque, un de ses plus beaux. Avec Pagan, les flics font leur boulot, de plus en plus à l’écart d’un monde qu’ils sont censés protéger et qui, de surcroit les dégoûte de plus en plus.

Ce recueil constitue une preuve supplémentaire du talent d’Hugues Pagan, écrivain trop rare mais si précieux.

Sylvain Bonnet

Hugues Pagan, Mauvaises nouvelles du front, préface de Michel Embareck, Rivages, novembre 2018, 240 pages, 15, 90 eur

Laisser un commentaire