« Les Griffes et les crocs », romance et fantasy écaillées

Couverture de es Griffes et les crocsUne des meilleures représentantes du genre

Le public français a découvert Jo Walton avec Morwenna (Denoël, 2014), prix Hugo en 2012, où l’auteur mariait avec habileté une histoire de sorcières tout en rendant un hommage marqué aux grands auteurs de la science-fiction, genre préféré de l’héroïne. Les éditions Denoël ont ensuite traduit la trilogie du « subtil changement » : Walton y mariait avec maestria l’uchronie (l’Angleterre avait fait la paix avec les nazis) avec le roman de détection comme le pratiquait Agatha Christie. Enfin, Mes vrais enfants constitue à ce jour son roman le plus ambitieux, présentant une femme au terme de sa vie qui se souvient non pas d’une mais de deux vies, dans deux univers parallèles. Walton marchait là sur les traces de Christopher Priest. Les Griffes et les crocs se veut une histoire de dragons, sur le modèle des romans victoriens : vaste entreprise !

 

Une famille marquée par la faute du père

Dragon riche et puissant, Bon Agornin a réussi à marier sa fille Berend à l’illustre Daverak, issu d’une famille noble et prestigieuse. Bon Agornin agonise pourtant et toute sa famille attend sa mort, pour pouvoir le dévorer et grandir, comme le veut la coutume. Bon insiste cependant pour se confesser auprès de son fils, Penn, prêtre de son état mais celui-ci refuse : la confession est désormais interdite par la religion des dragons. Penn finit par céder et apprend alors que son père, jeune dragon, a dévoré son frère et sa sœur, petits, pour pouvoir voler et surtout acquérir le feu. Bon meurt sous les yeux effarés de son fils. Surgit alors Daverak et sa femme qui dévorent la plus grande partie du cadavre de Bon Agornin malgré les objections de Penn, de son frère Avan et de ses sœurs Selendra et Haner.  C’est le début d’un conflit inexpiable.

 

Les Griffes et les crocs : la sauce a du mal à prendre

D’après le quatrième de couverture, on apprend que Les Griffes et les crocs est un hommage aux romans victoriens en général et à ceux d’Anthony Trollope en particulier. Soit, l’auteur de ces lignes est totalement ignare de ce courant littéraire. Les intrigues sentimentales occupent ici beaucoup le lecteur, ceci explique cela. Qui va épouser qui ? Le mariage doit-il respecter les convenances ou les sentiments de chacun(e) ? Bon, disons-le d’emblée, ça a du mal à fonctionner. Mettre des dragons et des « dragonnelles » à la place d’hommes et de femmes ne change pas l’ennui qu’on peut ressentir à ce type d’intrigues. Dommage car on sait Walton capable de bien mieux. On attend le prochain !

 

Sylvain Bonnet

 

Jo Walton, Les Griffes et les crocs, couverture d’Aurélien Police, traduit de l’anglais par Florence Dolisi, Denoël, « Lunes d’encre », septembre 2017, 416 pages, 21,90 euros

 

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