1994, illusions perdues à Alger

Un auteur de polar algérien

Adlène Meddi, journaliste algérien francophone, est né en 1975 à Alger et est rédacteur en chef de El Watan Week-end, tout en collaborant pour d’autres journaux comme Le Point. Il est aussi écrivain et a publié Le Casse-tête turc et La Prière du Maure. 1994 est son troisième roman publié par les éditions Rivages en 2017 et a obtenu le prix Transfuge 2018 du meilleur polar francophone. Le sujet ? Des jeunes jetés dans le maelström de la guerre civile des années quatre-vingt-dix…  

Il était une fois…  

Que reste-t-il quand Dieu le Père meurt ? Presque rien. Et presque tout. Le Big bang et l’apocalypse en un seul mouvement, celui de l’enfouissement du cadavre. Accroupi devant l’amas de terre qui recouvre la tombe après quelques pelletées collectives, Amin s’interrogeait. Maintenant que Dieu le Père est mort, que reste-t-il ? Rien. Et tout. Et d’abord lui, le fils, assailli de condoléances et d’étreintes funéraires sous une lumière trop forte pour un enterrement. 

Alger, 2004. Amin vient de perdre son père, le général Zoubir, et a un accès de folie qui entraîne son internement. À Marseille, son ami d’enfance, Sidali, apprend ce qui s’est passé et décide de retourner à Alger. Il se souvient de ses années de lycée, en pleine période d’attentats. Des moments d’insouciance avec Amin et la petite amie de celui-ci, la sublime Kahina. Les pères d’Amin et de Sidali sont fâchés depuis la guerre d’indépendance et sont des exemples étouffants pour eux. Ils décident de prendre leur vie en main après un attentat de trop et de régler son compte au responsable. Leurs soupçons se portent sur Mehdi, le frère de Kahina. Pendant ce temps-là, le colonel Zoubir s’inquiète des agissements de son fils et le fait surveiller…  

Un roman noir poignant

On va affirmer d’emblée ce qui est une évidence à la fin de ce roman : 1994 est une vraie réussite. L’auteur évoque l’adolescence, ce moment fragile où tout peut basculer, et une époque difficile pour l’Algérie, la guerre civile des années 90. Et puis en arrière-plan, il y a aussi la guerre d’indépendance, le passé colonial. 1994 est un livre dur, âpre, violent, un roman de la jeunesse perdue et des illusions à jamais envolés. Le lecteur français connaît au fond assez mal ce qui s’est passé là-bas, à quelques heures de chez nous.

1994 est une bonne occasion de s’en faire une idée et de découvrir également un excellent romancier.  

Sylvain Bonnet

Adlène Meddi, 1994, Rivages, septembre 2020, 474 pages, 9,90 eur

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