Les Portugais, une odyssée attachante
Retour à un passé récent
Début des années 70 : Mario, 18 ans, franchit la frontière franco-espagnole caché dans le coffre d’une Peugeot. Il a quitté son Portugal natal, la pauvreté et une guerre coloniale sans fin pour trouver du travail en France. Il rencontre Nel, un Portugais comme lui mais bien roublard. Les voilà bientôt à travailler sur des chantiers, sans papiers bien sûr et à la merci de leurs employeurs et d’un contrôle de police. Ils vivent dans le cabanon d’un bidonville peuplé d’immigrés. Mario rencontre Eva et en tombe amoureux, un espoir de lumière dans une vie bien terne. Nel préfère quant à lui les petits trafics, même si les coups peuvent parfois pleuvoir. Mais au pays, les choses changent avec la Révolution des œillets…
Un album dur et nostalgique
Le scénariste Olivier Afonso, né en France de parents portugais, livre ici un album certainement nourri de souvenirs et d’anecdotes entendus dans son enfance et son adolescence. On est frappés ici par le ton de l’album, doux-amer, loin du misérabilisme qui aurait pu imprégner l’atmosphère. Les personnages principaux sont jeunes et, malgré leur situation complexe, ont aussi envie de vivre, de s’amuser, de s’aimer aussi. Et ça transparaît nettement dans le récit proposé. Ils découvrent aussi une France alors en pleine prospérité et qui, soyons clairs, les ignore.
Le dessin de Chico est quant à lui presque intimiste, refusant les effets spectaculaires, y compris lorsque la violence surgit. notons également ici et là l’influence de Christophe Blain. Saluons aussi le travail sur les couleurs d’Émilie Rouge.
Les Portugais du duo Afonso/Chico est une réussite dans son genre
Sylvain Bonnet
Olivier Afonso & Chico & Emilie Rouge, Les Portugais, les arènes BD, février 2022, 136 pages, 21, 90 euro