Le voleur, les jeux ne sont jamais faits

Une révélation


On a découvert Claire North, auteure des Quinze Premières Vies d’Harry August, avec la parution en mai dernier du Serpent, première novella du cycle de « La maison des jeux » : ce fut une très bonne surprise tant l’histoire était à la fois envoutante et efficace. Voici la suite, Le Voleur, publié par Le Bélial dans la collection « Une heure lumière ».

Une partie inhabituelle

Remy Burke était ivre lorsqu’il accepta l’enjeu, mais cela ne l’excuse pas. Bien qu’il ne parût pas plus de quarante ans, il jouait depuis un demi-siècle et aurait donc dû se méfier.

Nous voici à Bangkok en 1938. Remy Burke est un habitué de la Haute Loge de la Maison des jeux. Mais voilà qu’il accepte, lors d’une soirée très arrosée, le défi que lui lance Abhik Lee : une partie de cache-cache, avec la Thaïlande comme cadre. Sauf que Burke n’a aucune ressource en Thaïlande. L’enjeu ? Sa mémoire pour lui, vingt ans de vie pour Lee. La partie doit durer un mois et semble déséquilibrée en faveur de Lee. Remy Burke fuit et se cache où il peut. Surtout, il apprend qu’il se prépare une autre partie, avec le contrôle de la Maison comme enjeu.

Une novella époustouflante

Avec cette histoire, Claire North livre quelque chose de précieux. Court, précis, rythmé, Le voleur est un récit plein de paranoïa : Burke est un homme seul et ne peut compter sur personne. Il se débat pour se sortir de ce qui est une machination autant qu’une partie plus vaste dans laquelle il n’est, au fond, qu’un pion. On pense bien sûr à L’échiquier du mal de Simmons en lisant ce cycle mais l’œuvre de Simmons souffrait de longueur. Rien de tel ici.

Le Voleur est un vrai tour de force et une preuve éclatante du talent de Claire North.

Sylvain Bonnet

Claire North, Le voleur, traduit de l’anglais par Michel Pagel, Le Bélial « une heure lumière », illustration de couverture d’Aurélien Police, septembre 2022, 160 pages, 10,90 euros

Laisser un commentaire