L’odyssée des étoiles, vertige de l’amour
Les éditions Rivages, éditeur historique de romans noirs, ont décidé de se lancer dans la publication de romans ancrés dans le fantastique et la science-fiction : pourquoi pas ? Ici, c’est au tour du coréen Kim Bo-Young de bénéficier de cette initiative avec L’odyssée des étoiles, sorti à l’automne dernier.
Séparés par le temps
Deux fiancés décident de célébrer leur mariage sur Terre, en invitant leurs proches. C’est beau et tout ça sent le bonheur suintant mais voilà il y a un hic :
« J’ai dit au revoir à mes amis. Beaucoup de temps va s’écouler avant que nous nous retrouvions pour mon mariage. Exactement : quatre ans et six mois. Ils m’ont tous promis qu’ils seraient là. Nous avons pris des photos et j’ai donné à chacun d’eux un pendentif, un petit cadre au bout d’une lanière. Je les avais reçus en réservant la salle du banquet. Je leur ai dit de le porter autour du cou avec l’une des photos que nous venions de prendre, le jour du mariage. Comme ça, je n’aurai pas à demander qui ils sont. Ils ont bien ri. »

Et les deux amoureux partent chacun de leur côté, s’écrivant des lettres transies. Mais les retards et les pannes mécaniques s’accumulent, le moment de leurs retrouvailles s’éloigne… Surtout que sur Terre le temps s’écoule plus vite, guerres et catastrophes s’accumulent, la civilisation disparaît et une ère glaciaire débute… Vont-ils parvenir à se retrouver malgré tout ? Et ils ne sont pas les seuls, de nombreux voyageurs du temps reviennent sur une Terre changée… C’est ce qui arrivera à leur fils qui entreprendra une quête vers les frontières de l’espace-temps.
Un drôle de roman
Difficile de classer L’odyssée des étoiles. Au début, on baille un peu devant ces deux amoureux un peu penauds. Puis le vertige prend, tant les années défilent, tant les époques se succèdent. Leur civilisation a disparu, les voilà devenus des voyageurs temporels malgré eux. Et puis il y a cet ultime personnage, Seongah, et sa quête ultime, vertigineuse. On se croirait chez Olaf Stapledon ! Au final un roman à essayer.
Sylvain Bonnet
Kim Bo-Young, L’odyssée des étoiles, traduit du coréen par Pierre Bisiou & Kyungran Choi, Rivages, octobre 2023, 272 pages, 22 euros