La France à l’envers, la guerre de Vichy (1940-1945)

Une période déjà largement balayée par les chercheurs

Depuis la révolution « paxtonienne » et aussi les travaux novateurs de Pierre Laborie sur l’opinion publique sous Vichy, on pourrait croire que le sujet « Vichy » est désormais bien connu. Voici cependant qu’Alya Aglan publie cette année La France à l’envers et de revenir sur le sujet des fameuses années noires. Elle est professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, titulaire de la chaire « Guerre, Politique, Société, XIXe-XXe siècle ». On peut donc la considérer comme une spécialiste de l’histoire de la Seconde guerre mondiale. Elle a publié par exemple Le Temps de la Résistance (Actes Sud, 2008) ou codirigé 1937-1947 la guerre monde (Gallimard, 2015) avec Robert Frank.  

La France sous Vichy

Alya Aglan concentre son attention sur « le cher et vieux pays » battu en juin 1940 et bientôt gouverné par un maréchal de 86 ans (de la même génération qu’Arthur Rimbaud !). Dans le sillage d’autres historiens, elle décrit avec brio comment Pétain et Laval s’emparent du pouvoir, concluent l’armistice en se faisant berner par Hitler et renversent la république avec le consentement de la majorité des élus présents le 10 juillet 1940. Elle démontre avec finesse comment Vichy s’est appuyé sur l’Empire colonial pour se légitimer aux yeux de l’opinion internationale (et surtout américaine). Elle retrace aussi avec précision la montée des oppositions au sein de la société française face à Vichy, dictature faible.

Un peuple en plein tourment

Tout le mérite de l’ouvrage est de retracer ce qu’ont traversé ces français de l’an 40, marqués par une défaite retentissante. Ils admirent Pétain, obéissent à Vichy mais très vite les fissures apparaissent. Les tracts, les quolibets, les blagues sont aussi une façon de mesurer l’adhésion d’un peuple à un régime. Et les français ont vite montré leur désapprobation, sans pour autant basculer dans la résistance massivement, du moins jusqu’en 1943 avec l’instauration du STO. Notre historienne montre aussi le chemin vers la résistance, parfois tortueux, de beaucoup de français. Les persécutions antisémites et la participation active de l’État français à la Shoah sont  bien analysés.

Rien de nouveau mais une bonne synthèse.  

Sylvain Bonnet

Alya Aglan, La France à l’envers, Gallimard Folio histoire, mai 2020, 752 pages, 11,50 €

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