Le saint suaire de Turin, icône ou imposture?

Un historien change de période

Jean-Christian Petitfils est connu pour ses excellentes biographies des rois Louis XIV (Perrin, 1995) Louis XV (Perrin, 2014) et Louis XVI (Perrin, 2005). On sait moins qu’il a rédigé une biographie de Jésus (Fayard, 2011) et un dictionnaire amoureux de Jésus (Plon, 2015). Ce n’est donc pas si extraordinaire, ni anodin, qu’il se penche avec cet ouvrage sur le mystère du Saint Suaire de Turin.

Une relique mystérieuse

Avec beaucoup de minutie et de détails, Jean-Christian Petitfils retrace comment ce « suaire », en fait le linceul de lin qui aurait entouré le corps de Jésus supplicié lors de sa mise au tombeau et donc avant sa résurrection si on suit les évangiles. On le découvre donc à Edesse en Mésopotamie puis il est transporté à Constantinople au Xe siècle. Il parvient en Europe de l’Ouest au XIIe siècle, sans d’ailleurs qu’on ait conscience de sa nature et devient à la fin du XVe siècle une propriété de la maison de Savoie (qui règnera plus tard sur l’Italie). Elle suscite la dévotion tellement l’image qu’elle renvoie paraît celle du Christ au moment de la Passion.

Une énigme scientifique

Au cœur du linceul, il y a cette image, capté par la photographie à la fin du XIXe siècle, si ressemblante au Christ et dont on ignore comment elle a pu s’imprimer à ce point. Il y a ces pollens, recueillis sur le tissu, pour la plupart originaire du Proche-Orient et surtout de l’actuel Israël. Il y a ce sang, de type AB, qu’on retrouve sur d’autres reliques censées provenir du même évènement, et les traces des blessures qui évoquent la crucifixion. Certes, le test au carbone 14 à la fin des années 80 avait imposé une datation entre les XIIIe et XIVe siècles. Notre historien invoque entre autres explications que le tissu aurait pu être reprisé à certains moments, faussant le test. A chacun d’être juge. Reste un mystère total: ce visage, tellement christique, imprimé sur le tissu. Aucune expérience en laboratoire n’a pu reproduire les conditions de sa « création » à ce jour. La technologie moderne est incapable d’expliquer comment une telle empreinte sur un tissu a pu être générée.

Lisez le Saint Suaire de Turin de Jean-Christian Petitfils.

Sylvain Bonnet

Jean-Christian Petitfils, Le saint suaire de Turin, Tallandier, août 2022, 464 pages, 26 euros

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