En attendant le déluge, la traque

Auteure espagnole, Dolores Redondo s’est imposée dans le monde du polar européen avec La face nord du cœur (Gallimard, 2021) et le personnage d’Amaia Salazar. Elle revient ici avec En attendant le déluge et nous plonge… dans l’Espagne du début des années quatre-vingt.

Un tueur en série face à un policier mourant

« L’inspecteur Noah Scott Sherrington arriva devant le passage à niveau au moment où le feu et les lumières de chaque côté des voies clignotaient. Il connaissait ce quartier de la banlieue de Glasgow car il prenait ce chemin tous les soirs depuis quinze jours. Il savait donc que la barrière mettrait une éternité à s’abaisser, un temps suffisant pour que les quatre voitures entre la sienne et celle qu’il suivait puisse traverser. Une, deux, trois et… »

Noah piste un tueur en série surnommé Bible John depuis des années. Il a réussi à établir son profil, à remonter sa piste et enfin il lui met la main dessus sous une pluie torrentielle (nous sommes en Ecosse, hein) quand une douleur dans la poitrine le foudroie. Bible John s’échappe et Noah se réveille à l’hôpital. On lui annonce qu’il souffre d’une cardiomyopathie dilatée. C’est inopérable, il lui reste quelques mois. Même si on l’a retiré de l’enquête et mis en préretraite, Noah reprend son enquête. Il arrive à la conclusion que Bible John est parti en se faisant passer pour un marin pour Bilbao. Le voici donc qui débarque en Espagne, avec plein de pilules et de cachets à prendre, trouvant de l’aide dans les personnes de Mikel, un policier basque, et Rafa, un jeune handicapé. Des femmes disparaissent, preuve que Bible John a repris ses meurtres. Mais Noah rencontre Maite et tombe amoureux pour la première fois de sa vie alors qu’il va mourir… tandis que la pluie menace aussi sur Bilbao.

Polar sentimental

En attendant le déluge commence comme un thriller poisseux, avec un tueur en série comme cible et pourquoi pas, ça semble réussir à Dolores Redondo. De fait, ses personnages sont bien exploités, y compris celui du serial killer pour parler la langue de Trump et de John Lennon. Sauf que notre auteure y ajoute une intrigue sentimentale qui n’ajoute rien à l’histoire (ah si, Noah a une raison de vivre maintenant, waouh). Sans compter une séquence de fin digne d’une hollywooderie banale… Bon, ce roman se laisse lire sur la plage (avis aux futurs vacanciers).

Sylvain Bonnet

Dolores Redondo, En attendant le déluge, traduit de l’espagnol par Isabelle Gugnon, Gallimard « série noire », août 2024, 560 pages, 21 euros

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