La piste du vieil homme, filiation
Auteur remarqué de Fakirs (Viviane Hamy, 2009) et de Cat 2015 (La manufacture des livres, 2016), Antonin Varenne a publié au printemps La piste du vieil homme dans la collection « La noire », un roman qui brasse beaucoup de thèmes comme on va le voir.
La quête d’un père
Un matin, deux copains se parlent :
« – Salut.
Patrick décapsule une bouteille de Fresh sortie de son frigo. Panaché bière-limonade. Un peu d’alcool et double dose de sucre, l’idéal pour nos artères. Il est dix heures du matin.
– Guillaume est à Madagascar.
Patrick me regarde.
– Guillaume ? »
Simon vient de dépasser les soixante-dix ans et vit dans l’île de Madagascar. Il vivote en gérant des circuits de tourisme pour des européens en mal de dépaysement. Un jour, il reçoit une lettre de sa fille l’informant que son fils, Guillaume donc, est lui aussi à Madagascar et ne donne plus de nouvelles depuis quelques temps. Alors Simon se lance à sa recherche, peut-être pour racheter le fait qu’il n’a pas été assez présent… et aussi qu’il les a laissés à eux-mêmes enfants avec leur mère un peu folle sur les bords. Simon retrouve sa trace et part sur les pistes de l’île. Il y croisera une bonne sœur mourante des fièvres, des petits truands hargneux et retrouvera son fils en bienfaiteur d’un village à qui il a offert des panneaux solaires et des ordis… avec l’argent d’un trafiquant de drogue. Simon va tout faire pour arranger ça…
Un roman très riche
Au cœur de La piste du vieil homme on trouve beaucoup de choses : un portrait de Madagascar et de sa population, le trafic de drogue (en direction de l’occident), la relation père/fils, le développement des pays pauvres aussi. Le choix de la narration à la première personne se révèle efficace car Antonin Varenne fait de ce roman une quête du père, plongée dans l’environnement hostile que peut être cette île pour des occidentaux. Mais le portrait des malgaches est aussi plein d’empathie, sans emphase. Juste. Ce roman constitue donc une réussite.
Sylvain Bonnet
Antonin Varenne, La piste du vieil homme, Gallimard « La Noire », avril 2024, 240 pages, 18 euros