Ars Obscura 3 : sorcier empereur, une uchronie sous tension
Si vous avez raté les épisodes précédents
Voici le troisième volume d’Ars Obscura, une tétralogique uchronique et surtout fantasy orchestrée par François Baranger, auteur du fameux Dominium Mundi. Dans ce cycle on y a fait la connaissance du sorcier Elégast, au service de Napoléon depuis la campagne d’Égypte : il s’agit en fait d’Obéron, chassé de son royaume il y a des éons et qui a pris possession du corps d’un savant, Charles Ordant, dont il a détruit la conscience. Mais même Elégast n’a pu empêcher la défaite de Waterloo et la capture de Napoléon. Face à lui, il a Ludwig, venu du même monde que lui, la belle Ethelinde et le commandant Irénion Bregante, héros de la résistance militaire. Ce ne sera pas de trop car Elégast a perdu face à Vakt, un sorcier au service de la Russie… et qui va finir par y prendre le pouvoir ?
Au bord du précipice
« Les côtes françaises n’étaient plus visibles depuis la veille au soir. Le mistral qui gonflait les voiles poussait L’Eole à une allure soutenue, laissant derrière la poupe un blanc sillon d’écume qui scintillait dans la lumière du soleil. Le foc claquait et les écoutes grinçaient sous l’effort infligé au gréement par ce vent froid venu du nord. »
Ethelinde et Ludwig, accompagné du jeune Mathurin (fou amoureux d’Ethelinde) font route vers l’Égypte pour comprendre comment Elégast est arrivé en ce monde et aussi récupérer des cristaux qui fondent son pouvoir. Pendant ce temps en Russie, Nicolas assassine son frère le tsar Alexandre pour lui prendre son trône. Mais Vakt veille… En Égypte, Ethelinde et Ludwig trouvent d’ailleurs des inscriptions faisant mention de lui. En France, la résistance s’organise sous le commandement d’Irénion qui s’empresse de donner le pouvoir à un général obtus : dommage car les anomalies et les monstres se multiplient, ce qui amène l’armée régulière et les résistants à pactiser ponctuellement. Elégast veut mettre la main sur un jeune russe, Pavel, capable de transformer des cristaux, mais ce dernier accompagne la jeune gitane Azra, prête à tout pour se venger de l’espionne Irina… Tout ce beau monde est mal parti.
Un résultat feuilletonesque
Il est clair que le cycle Ars Obscura de François Baranger s’inscrit dans deux genres, uchronie et fantasy et sur un mode roman feuilleton qui ne peut que me plaire vu que je suis un admirateur d’Alexandre Dumas. Le livre est distrayant, foisonnant, très riche, un peu sentimental. A la fin, les cartes sont redistribuées (non je ne spoilerai pas) et des menaces subsistent… Le quatrième tome permettra sans doute de résoudre les dernières intrigues (et mystères : quid de Napoléon emprisonné ?). Lecture agréable.
Sylvain Bonnet
François Baranger, Ars Obscura 3 : sorcier empereur, Denoël Lunes d’encre, mars 2024, 624 pages, 24 euros