Les Parias d’Arnaldur Indridason : polar lancinant

Un maître du roman policier islandais

Devenu célèbre grâce aux récits des enquêtes du commissaire Erlendur (La cité des jarres, L’homme du lac), l’islandais Arnaldur Indridason a continué d’explorer le crime et l’histoire de son pays avec un autre personnage, Konrad, un policier à la retraite apparu dans Ce que savait la nuit. Les Parias est un nouvel opus consacré à une enquête de ce personnage qui va devoir affronter (une nouvelle fois) les fantômes de son passé.

Des fantômes et du passé

« Le jour de ses neuf ans, le père de Konrad lui avait une fois encore reproché ses questions idiotes. L’enfant avait eu le temps de comprendre bien des choses pendant sa courte vie. Certaines étaient plutôt simples à assimiler, d’autres lui avaient été inculquées par l’expérience. »

Une veuve, en débarrassant des affaires ayant appartenu à son défunt mari, trouve un vieux pistolet, un Luger allemand, qu’elle rapporte aussitôt à la Police. L’arme est liée à un meurtre qui n’a jamais été résolu et attire l’attention de Konrad, policier à la retraite mais toujours sur la brèche, veuf et en fait à la recherche d’un sens aux choses. Et puis cette arme ressemble étrangement au Luger que son père, bien des années auparavant. Konrad va donc enquêter, déterrer quelques cadavres, faire face à ses souvenirs : il a des choses à se reprocher. Et puis sa sœur est agressée et il y a cet homme en prison, Gustaf, qui sait bien des choses tout en cherchant à le manipuler…

Les ruminations de Konrad

Le rythme des Parias est lent, ce qui ne veut pas dire que ce polar n’est pas réussi. Simplement, Indridason préfère installer une atmosphère, une ambiance plutôt qu’une structure inspirée des page-turner américains. Et cela fonctionne aussi (certains préfèrent les page turner mais chut). Par contre, il aime aussi, comme beaucoup de ses collègues, multiplier les flashbacks pour nous en apprendre progressivement plus sur le passé de ce Konrad à l’enfance bien compliquée. Et puis l’Islande, société insulaire, cache quelques secrets bien moches dans ses placards… Avec Les Parias, Indridason confirme une fois de plus son talent.

Sylvain Bonnet

Arnaldur Indridason, Les Parias, traduit de l’islandais par Éric Boury, Métailié, février 2024, 320 pages, 22,50 euros

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