Virginie Greiner, L’imprimerie du diable : le mal n’est pas là où on le croit

Virginie Greiner s’est fait connaître en écrivant le scénario de la série Tamara de Lempicka chez Glénat ou deux albums de la série Les Reines de sang pour Delcourt. Elle fait équipe ici avec Annabel, dessinatrice vue sur Magus ou Roma, tuer César en collaboration avec Didier Convard. Elles signent ici un album consacré à la persécution des sorcières.

Dans un petit village reculé…

Nous voici transportés dans un petit village des Alpes dans les années 1470. La vie y est rude et les paysans luttent pour survivre. C’est dans cet environnement que deux adolescents grandissent. D’un côté la jolie Reine qui vit avec sa grand-mère guérisseuse qui lui apprend toutes les subtilités de son art et de l’autre Etienne. Ce dernier a appris à lire grâce au curé, un brave ecclésiastique proche de ses ouailles et qui a su voir le potentiel du garçon, malheureusement persécuté par son père. Etienne et Reine sont amis et même beaucoup plus. Un coup de trop et Étienne quitte le village pour atterrir à Genève dans une imprimerie. Et se fait remarquer du prince-évêque…

Le face-à-face

Le temps passe, Reine a pris la place de sa grand-mère auprès des villageois et Étienne est devenu l’imprimateur de l’église qui a lancé des persécutions contre les sorcières. Reine comprend qu’elle est menacée, que son ami est peut-être devenu son pire ennemi et elle va prendre un risque : l’attirer au village pour lui faire prendre conscience de ses erreurs. Reine est arrêté et son procès commence. Étienne est parmi les juges, face à une des seules personnes qu’il ait jamais aimées.

Un récit d’initiation

Virginie Greiner et sa dessinatrice ont donc choisi de dépeindre ce moment de l’histoire européenne où l’église a choisi de lancer une vague de persécution contre de prétendues sorcières. L’extrême majorité de ses femmes ne faisant que perpétuer des pratiques certes protochrétiennes mais enracinées dans la vie des communautés rurales. Les deux personnages sont ici assez émouvants, on ne peut que se laisser entraîner dans cette histoire où le tragique ne chasse pas l’espoir et où l’imprimerie, source de progrès, est ici détourné vers des buts malsains. La prestation graphique d’Annabel est convaincante. Elle se révèle très à l’aise pour dessiner les paysages et les personnages. A découvrir donc.

Sylvain Bonnet

Virginie Greiner & Annabel, L’imprimerie du diable, Les arènes, avril 2024, 144 pages, 23 euros

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