Les jardins d’Eden, l’entrée de Pierre Pelot à la Série Noire
Un auteur prolifique et diversifié
Né en 1945 dans les Vosges, auteur prolifique, Pierre Pelot a commencé sa carrière dans le roman de terroir, le western puis a connu le succès dans la science-fiction : on lui doit ainsi La Guerre olympique (Presses Pockets, 1979), le cycle des hommes sans futur ou Delirium Circus (J’ai lu, 1977), ce dernier roman obtenant le Grand prix de la science-fiction française en 1978. Avec L’été en pente douce (Kesselring, 1980), adapté au cinéma par Gérard Krawczyk (et avec un certain Jean-Pierre Bacri, hommage en passant), Pelot se diversifie et écrit des romans noirs et des polars. C’est cette veine qu’il creuse ici avec Les jardins d’Éden.
A la recherche de Na
La porte à tambour antédiluvienne émettait toujours le même soupir hoquetant, au démarrage. Seuil franchi, il s’était retrouvé tout net une bonne poignée d’années en arrière. Coincé dans la grimace d’un autre présent.
— Salut, Jip, dit la bécasse.
Journaliste et écrivain raté, Jip sort de l’hôpital et a bien failli y passer après un cancer. Il revient dans son journal et cherche à vendre à son ancien rédacteur en chef une enquête : il se fait proprement jeter. Alcoolique, Jip a grillé ses cartouches. Pour se reposer, il revient dans son ancien bled, Paradis, accompagné de sa compagne, Céline.
Il espère aussi se rapprocher de sa fille, Annie dite « Na ». Mais Na n’est pas là, disparue depuis plusieurs mois. Et personne au village ne sait où elle est. Jip n’a pas confiance dans ses anciens amis. Il sait aussi que Na ne s’est jamais remise de la disparition de sa meilleure amie, Manuella, ont le corps a été retrouvée en morceaux il y a quelques années. Alors Jip enquête mais ce n’est pas facile quand on confond réalité et fantasme et qu’on se remet à picoler sec…
Un polar réussi
Après plus de deux cent livres publiés, on ne peut accuser Pierre Pelot de ne pas connaître son métier. Les jardins d’Éden est un roman dur, âpre, parfois difficile à suivre car on pénètre dans le cerveau troublé de Jip à tâtons, à la recherche de ce qui s’est passé. On ne lâche pas le livre en tout cas, preuve qu’on est bien dans un bon polar et c’est ce qui compte.
Notons enfin que c’est une forme de reconnaissance qu’accorde la Série noire en publiant (enfin) Pierre Pelot. Tant mieux. Au passage, on veut encore d’autres romans de cet acabit.
Sylvain Bonnet
Pierre Pelot, Les Jardins d’Éden, Gallimard « série noire », janvier 2021, 256 pages, 18 eur