Pour une radicalisation écologiste
Les promesses de mesures de protection de l’environnement du gouvernement (lorsqu’elles sont tenues) se montrent toujours plus inefficaces face à la crise écologique pourtant établie. Pour Arnaud Milanese, la radicalisation de l’écologie politique s’impose comme seule réelle solution pour la sécurité du vivant. Ainsi dans son ouvrage Pour une radicalisation écologiste, il plaide pour un changement de système, une écologie radicale, sans recherche de compromis avec les grands industriels.
L’écologie politique et son histoire
L’auteur revient longuement sur l’histoire de l’écologie et de sa politisation. Passant de Bertrand de Jouvenel à René Dumont, il s’appuie sur des exemples précis donnant une base commune aux lecteurs de ce qu’est « l’écologie politique ». Les notions de planification écologique, d’économie de l’environnement, de décroissance ou encore de sobriété sont décortiquées. Il expose un premier problème qu’il nomme la « crise du consensus écologique ». Les militants et scientifiques pointent du doigt une urgence, les politiques proposées pour faire face à cette urgence rencontrent le blocage des industriels et/ou des riches investisseurs et on arrive ainsi à un consensus mou donnant un semblant de solution. Pourtant rétablir une sécurité pour le vivant n’est plus seulement désirable, mais bel et bien nécessaire.
La sécurité économique prime sur celle du vivant
Arnaud Milanese dénonce le rôle de l’État dans la criminalisation des militants écologistes, les fameux « éco-terroristes ». Un gouvernement hostile à ceux qui agissent, dans un climat d’inaction. L’auteur rappelle le but de l’État : protéger les individus. En ne les protégeant pas de la crise écologique et des dangers qu’elle induit, il ne tient pas son rôle essentiel. C’est en cela qu’une radicalité est nécessaire. D’une part dans l’intensification de l’exigence écologiste qui doit primer sur les intérêts économiques des quelques plus riches. D’autre part, prendre la question écologique par ses racines socio-politiques, revenir à la source du discours écologistes. L’auteur critique des politiques environnementales superficielles qui ne considèrent pas du tout un changement de système mais seulement des aménagements de surface. De plus, l’intersectionnalité des luttes écologiques et sociales n’est que trop peu prise en compte.
Un discours complexe
Pour une radicalisation écologiste n’est certainement pas une porte d’entrée dans la réflexion écologiste. Arnaud Milanese manipule les notions et leurs définitions de façon complexe, ce qui alourdit la lecture. Ainsi il s’adresse à un public déjà averti, qui souhaite aller plus loin dans l’analyse cherchant des réponses concrètes face à l’inaction climatique. Au-delà d’une dénonciation certaine du système capitaliste et de la responsabilité étatique, il porte une réflexion poussée sur l’écologie politique et la pensée écologiste en elle-même. Un discours enrichissant qui mérite qu’on y prête attention.
Salomé Di Stefano
Arnaud Milanese, Pour une radicalisation écologiste, Le Bord de l’eau, 240 pages, 22 euros