L’homme-chevreuil, sept ans de vie sauvage

C’est une bien étrange expérience que nous conte Geoffroy Delorme, dans ce livre, L’homme chevreuil, sous-titré « Sept ans de vie sauvage ». Tout jeune, l’auteur fut attiré par les animaux de la forêt, et il devint photographe animalier, autant pour le plaisir de les voir, dans leur élément, au naturel, que pour celui d’en créer de belles images. Mais par chance, il réussit les deux aussi parfaitement, et son attirance pour cette « vie sauvage » se fit si forte qu’il finit par vivre avec ceux qui étaient devenus ses amis, les chevreuils. 

comprendre la mentalité des chevreuils

Pendant sept ans, il les accompagnés dans les bois de la Normandie, au point de reconnaitre chacun, et de leurs donner un nom. Ils s’appellent Chevi, Fougère, Sipointe, Velours, Reuilly, Magalie, il les voit se nourrir, dormir, s’aimer, s’amuser, il sait qui est le fils ou la fille de qui, il les a vu naitre, il les aime. Leur cohabitation a duré sept ans, autant le jour que la nuit, car Geoffroy Delorme a lui aussi « habité » la forêt. Et s’il a su créer un véritable lien de confiance avec les chevreuils, ces derniers lui ont bien rendu, le considérant à leur tour, comme un ami, et un résident « normal » dans leur environnement. « Chevi me permet de comprendre la mentalité des chevreuils, écrit-il, et je parviens très bien à imiter leur langage ». On l’a compris : il leur parle, mais toujours doucement et calmement « car je ne veux pas les rabaisser au rang d’animal domestique ». 

Cette confiance s’est étendue à d’autres animaux, renards, oiseaux, sangliers, blaireaux, bêtes sauvages s’il en est, et vivant pourtant sans crainte au plus près du visiteur. De tous ces animaux, de la forêt elle-même, des couleurs, des saisons et des sous-bois, sont nées de multiples et magnifiques photographies. Ce livre est à la fois un récit original, et bel album, à lire autant qu’à regarder. 

Hommage à la nature

Ce n’est pas tout. Geoffroy Delorme, nous apprend beaucoup de choses sur cette Nature à laquelle il rend un vivant hommage. Non seulement sur les grands et petits animaux qui vivent autour de lui dans une complète liberté, sans jamais être considérés comme « apprivoisés », mais encore sur le comportement de l’homme lui-même, confronté à une immersion totale sous les arbres, se nourrissant au gré des saisons, de plantes, de fruits, de champignons, comme un ermite retiré de la vie citadine, mais toujours fasciné par ce qu’il voit autour de lui. 

Cette histoire se termine bien, et l’ultime rencontre du livre, après bien d’autres étonnantes, n’est pas la moins touchante. Mais ce que l’on retiendra aussi, c’est la capacité des animaux à accepter l’homme dès lors qu’il leur veut du bien. Leur aptitude à vivre avec lui, dans des circonstances, certes, très particulières, mais qui témoignent d’un « état d’esprit » sympathique et accueillant. Il suffit de voir leur plaisir à « poser » devant le photographe, avec l’aisance d’un mannequin professionnel, pour se convaincre qu’il y a entre eux et nous une vie possible. A méditer. 

Didier Ters

Geoffroy Delorme, L’homme-chevreuil, sept ans de vie sauvage, éditions Les Arènes, octobre 2021, 230 pages, 29,90 eur

Laisser un commentaire