Miss Islande d’Audur Ava Olafsdottir

Avec une identité aussi difficile à prononcer qu’à écrire, Audur Ava Olafsdottir a réussi à se faire un nom dans l’édition internationale. Cette romancière islandaise s’est fait connaitre naguère avec Rosa Candida, publié en français en 2015. Elle vient d’être couronnée par le jury du prix Médicis Etranger pour son dernier roman, Miss Islande

un rêve de livres

Miss Islande est un livre singulier, riche d’une psychologie subtile. Il qui conte les déboires, mais aussi les bonheurs, d’une jeune femme, Hekla, qui ne poursuit qu’un seul but : écrire des livres et être éditée. Elle quitte donc la ferme familiale, où son père et son frère élèvent des moutons, au milieu des glaces, des volcans, et des maigres pâturages de l’Islande, pour tenter sa chance dans la capitale, Reykjavik. 

Là, il lui faut gagner sa vie, comme serveuse de bar, où les clients lui font des propositions désobligeantes, et où un mauvais garçon lui promet de devenir Miss Islande, pour peu qu’elle veuille bien satisfaire à quelques exigences… Parallèlement, elle trouve le temps d’écrire, et surtout de rencontrer un petit ami poète, un grand ami homosexuel, et une vraie amie de cœur, Isey, dont la fidèle affection ne lui fera jamais défaut. Mais lassée d’une vie qui ne convient pas à cette pionnière du féminisme nordique (nous sommes en 1963), Hekla quitte Reykjavik pour le Danemark et Copenhague : moins de volcans, plus de plages, et un mariage inattendu. 

une vie de femme islandaise

Ainsi, sous la plume aiguisée de l’auteure, une vie défile, pour partie en tout cas. Une vie de fille puis de femme, attachante, courageuse, indulgente pour les autres, mais exigeante pour elle-même, pleine de rigueur et de sensibilité à la fois, bref, une vraie héroïne. A l’en croire, la vie quotidienne des Islandais dans les années 1960, n’a pas encore trouvé de réchauffement au rude climat qui les entoure. Le machisme y règne en maitre, les hommes écoutent en boucle les alertes de la météo marine, quand les Américains, ces grands cousins de l’ouest, écoutent, eux, Martin Luther King et Elvis Presley, ou assassinent Kennedy… 

Sur une ile glacée, une petite flamme surgit du brouillard et nous entraine avec tout son cœur vers un monde meilleur. Hekla, passionnée de poésie, de mots, d’écriture, nous apprend aussi la liberté. 

Didier Ters

Audur Ava Olafsdottir, Miss Islande, traduit de l’islandais par Éric Boury, Editions Zulma, octobre 2019, 260 pages, 20,50 eur

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