Le Serment de l’orage, Gabriel Katz, la Fantasy et les ados

Avec Le Serment de l’orage, Gabriel Katz inaugure une série Fantasy pour ados

C’est dans la toute nouvelle collection Big Bang lancée ce printemps par Bragelonne, une collection dite « Young Adult » (YAL pour les intimes) que paraît le tout dernier ouvrage de Gabriel Katz. Le Serment de l’Orage, est le premier tome d’une trilogie qui s’annonce sombre et palpitante.

Gabriel Katz est un auteur de romans de Fantasy chez Scrineo et Pocket Imaginaire à la percée assez récente. Sa palette s’étend au-delà de l’imaginaire aussi. Avec le Thriller chez Pygmalion ou la série Benjamin Varenne au Masque. Il est également auteur et scénariste de bandes dessinées. Un premier volume La pierre du chaos d’une série nommée Le Sang des ruines vient tout juste de sortir chez Drakoo. Il fut également scénariste de séries, Ghost Writer ou prête-plume de plus d’une trentaine de romans. Ainsi que novelisateur de film chez Fayard. C’est pas rien ! D’ailleurs peut-être avez-vous déjà lu un livre écrit par sa main, signé par le nom d’un autre, qui sait…


Humour et combats sanglants sont souvent au rendez-vous chez Gabriel Katz. Tout comme trahisons et retournements de situations fantasques, et cette propension à trucider des personnages attachants (trait commun avec Dan Simmons ! ). Voilà les manies jubilatoires propres au style katzien.
Enfin, trêve de tergiversations, amis boojumiens, lecteurs de Fantasy ici ou ailleurs, entrons dans le vif du sujet.

La pierre du chaos
dessin Stéphane Créty, Scénario Gabriel Katz

Anglia, sombre contrée

Car dans Le Serment de l’orage, Gabriel Katz s’aventure dans un monde étranger à son univers habituel. Il nous plonge au cœur d’un pays nommé Anglia, qui n’est pas sans faire penser à l’Angleterre médiévale. C’est dans ce monde que nous découvrons Morgien et Cynon, deux jeunes chevaliers en quête de gloire. C’est plus précisément dans la ville de Creed que tout commence. À la suite d’une participation à un tournoi pour chevaliers débutants, un banneret de Creed les engage ainsi qu’un troisième preux combattant. Ils doivent pour prendre possession d’un domaine des Hautes Terres qui lui a été confié, Hollow Grave.

Mais ce domaine en question s’avère être de pitoyables ruines, indignes d’un chevalier tel qu’Edwin de Gore et, qui plus est, occupé par un groupe de bandits, avec un prétendu baron à sa tête… un joli cadeau en somme.
Edwin de Gore et ses chevaliers reprennent leurs terres par la force des armes, et s’attellent à la reconstruction de la forteresse, aidés par les paysans du domaine.

Les travaux en eux-mêmes ne constituent pas une mince affaire, mais en plus de cela surviennent et s’enchaînent divers faits étranges et inexpliqués. Comme cette cloche mystérieuse qui sonne constamment. La découverte d’une chapelle barricadée. Sans parler des morts atroces pendant les travaux du donjon ou cette lugubre forteresse qui hante les nuits ! Ce domaine est nimbé d’une atmosphère sombre, aux relents fantastiques. On parle de malédiction… Cette demeure seigneuriale serait-elle maudite ?

Et comble de malheur, une invasion se prépare ! Celle des Eiriniens menée, dirait-on, par le Diable en personne…

Ils étaient sept. Sept chevaliers sous un ciel d’orage, leurs boucliers luisant sous l’averse, leurs capes claquant dans la bourrasque. Un éclair déchira le ciel, illuminant la scène comme en plein jour, distordant leurs ombres sur le sol détrempé. Un cheval se cabra dans un hennissement, mais son cavalier le maîtrisa d’une main de fer. Au pied de la falaise, la mer rugissait sous le vent.

Sans foi ni loi

Dans Le Serment de l’orage, Gabriel Katz, à l’instar du cycle d’Aeternia paru chez Scrinéo, la religion occupe une place prédominante. Mais pas de la même façon. Car à la différence d’Aeternia où deux religions sont mises en opposition et en conflit, ici seule la chrétienté est présente dans le récit. Le fait que des événements étranges et inexpliqués surviennent poussent les protagonistes à choisir un camp. Se réfugier dans la religion pour se réconforter, se rassurer – en faisant appel à un prêtre – ou, à l’inverse, s’en détacher pour acquérir une vision plus rationnelle.

C’est pourquoi cette dualité suscite des sensations diablement intéressantes chez le lecteur. Ainsi nous nous retrouvons souvent pris entre deux feux. Entre croire qu’il s’agit de l’œuvre de forces mystiques, spirituelles voire d’une malédiction et du Diable même ou être persuadé que tout ceci relève plus d’une magie séculaire.

Dans Le Serment de l’orage plane continuellement une atmosphère lourde, oppressante, sombre et inquiétante. Comme à son habitude, Gabriel Katz nous plonge sans difficulté dans son univers. Il sait toujours faire naître les mystères, susciter le suspens.

Un bon début, en attendant mieux ?

En revanche, quelque chose manque. Une chose dont l’auteur avait réussi à habituer ses lecteurs dans ses autres romans dits « pour adultes » (et que je conseille aux ados bons lecteurs ! ). Comme dans le one shot La maîtresse de guerre, la série La part des ombres ou surtout le cycle le puits des mémoires qui le fit connaître. Ce charisme, ce magnétisme qu’il sait si bien insuffler à ses personnages.

la part des ombres

D’ordinaire, tous ses héros possèdent ce petit plus qui les rend si particuliers, si attachants. Charisme, humour et mystère ! Ici seuls deux personnages sont de cette trempe ! Mais (alerte spoiler ! ) l’un meurt tandis que l’autre met un certain temps avant de se dévoiler, de prendre de l’ampleur. Les héros manquent donc de relief et semblent parfois assez « plats ». Est-ce l’auto-censure propre à une collection purement ado ?

Mais rassurez-vous, j’attends bien sûr leur évolution dans les prochains tomes avec impatience ! Car la bonne nouvelle est que le second volume parait début 2020 (si l’auteur ne nous refait pas le coup… du retard !)

Il avait pourtant fait ce que tous rêvaient de faire. Dans les histoires de leur enfance, de preux chevaliers sans fortune emportaient le cœur des dames en hissant leurs couleurs au sommet de la victoire. Chansons épiques, impérissables, que l’on récitait au coin du feu, où le courage, la fougue, la passion étaient toujours récompensés. Mais les temps avaient changé ; de l’ancienne chevalerie de leurs ancêtres, il ne restait plus que des fabliaux.

Alice Amblard

Gabriel Katz, Le Serment de l’orage, collection Big Bang, Éditions Bragelonne, Avril 2019, 16,90 eur

Pour télécharger un extrait c’est par ici

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