Adastra in Africa, un inédit à couper le souffle

Un pilier du comics

Auteur du récents et très réussi Monstres, l’anglais Barry Windsor-Smith écume depuis les années 1960 le milieu du comics américain, signant des épisodes d’Avengers, de Daredevil ou d’Uncanny X-Men. C’est son adaptation de Conan dans les années soixante-dix qui le fait connaître du grand public, sur scénario de Roy Thomas. Si son dessin sophistiqué et son sens de la narration séquentielle font de lui un maître, il est aussi incapable de tenir le rythme des vingt pages mensuelles comme le faisaient Kirby et John Buscema, ce qui va limiter un peu sa carrière au sein des deux majors DC et Marvel.

Cependant, dans les années 1980, il renoue avec le succès (citons la minisérie Machine Man) et s’intéresse de nouveau à la série Uncanny X-Men et au personnage d’Ororo/Storm dans deux épisodes intitulés Lifedeath où celle-ci perd ses pouvoirs et doit retrouver goût à la vie (les plus anciens ont conservé ce magnifique Spécial Strange 52 qui présentait la 2e partie de cette histoire). On a longtemps ignoré qu’un troisième dormait dans les cartons de Smith, refusé par Marvel à l’époque… notre dessinateur l’a repris et en a fait un récit dédié à un de ses personnages fétiches, la princesse Adastra, exilée sur Terre par sa mère Organa, dans le cadre de sa série Storyteller publié par Dark Horse Comics dans les années 1990, éditeur avec qui il se fâcha, comme souvent.

Et pour une raison inconnue, ce récit ne fut jamais traduit en France…

Le retour de la déesse

Dès les premières planches, le ton est donné:

Voici donc Adastra de retour en Afrique où elle essaie d’apporter la prospérité à un village africain fragilisé par la sécheresse. Elle y fait tomber la pluie et la vie, tout en essayant de préserver l’identité de ses habitants, autrefois convertis aux méthodes agricoles occidentales qui ont épuisé les terres. Elle y affronte le souvenir de son ami le chef Mjnari, mort il y a des années lors de la naissance du fils de son amie Shanni, morte aussi. Adastra va accompagner Malawi, l’un des chefs du village, vers la mort et va revoir Mjnari… On peut dire tout de suite que la trame de ce récit se situe dans la continuité directe de Lifedeath, Mjnari et Shanni y apparaissant. Graphiquement, c’est totalement superbe, dans un noir et blanc riche de contrastes et c’est très bien. L’attitude des équipes de Marvel il y a près de quarante ans apparaît rétrospectivement complètement incompréhensible. On salue en tout cette publication en français qui répare un oubli. Bravo à Delcourt !

Sylvain Bonnet

Barry Windsor-Smith, Adastra in Africa, traduit de l’anglais par Renaud Cerqueux, Delcourt, octobre 2024, 52 pages, 13,50 euros

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