N’aie pas peur du faucheur, récurrence meurtrière
Un auteur entre roman noir et fantastique
Stephen Graham Jones écrit et publie depuis plus d’une vingtaine d’années mais on l’a vraiment remarqué avec Un bon indien est un indien mort, publié chez Rivages en 2022, roman très acide et très noir ancré dans le fantastique, qui a remporté de surcroit le prix Shirley Jackson du meilleur roman en 2020. L’année dernière, Mon cœur est une tronçonneuse nous a raconté l’histoire d’une jeune amérindienne fan de slashers, Jade Daniels, confrontée à un tueur en série qui sème chaos et destruction dans sa ville de Proofrock dans l’Idaho. Jade a survécu et Jade est maintenant de retour.
Un tueur et une fille fatale
Quelque part, un tueur s’évade. Il s’évade Dark Mill Mouth. Il est très dangereux. Et veut tuer à nouveau. C’est le moment où Jennifer Daniels, qui ne veut plus s’appeler Jade, choisit pour revenir chez elle.
« A dix-sept ans, c’était tellement plus facile.
Jennifer Daniels regarde à gauche, à travers la vaste étendue d’Indian Lake, puis à droite, cette longue coulée qui descend, et elle doit mettre un genou à terre pour serrer davantage les lacets de sa botte droite. »
Elle y retrouve certains survivants de la tuerie qui s’est déroulée il y a quatre ans. Mais les meurtres et les cadavres s’accumulent. Dark Mill Mouth a choisi de sévir à Proofrock, ranimant bien des mauvais souvenirs. Veut-il se confronter à Jennifer/Jade qui connait comme lui par cœur les meilleurs slashers ? Mais la fille fatale, ne serait-ce pas une autre ? Jennifer, qui va redevenir Jade, va se battre jusqu’au bout.
Un roman diaboliquement efficace
Suite de Mon cœur est une tronçonneuse, N’aie pas peur du faucheur reprend le personnage de Jade Daniels et radicale quelque peu l’approche initiale. C’est plus violent, parfois gore, toujours référentiel, très prenant. Et ça marche même si nous ne sommes pas tout à fait au même niveau de réussite d’Un bon indien est un indien mort, à ce jour le meilleur roman de Stephen Graham Jones traduit en langue française. Mais il ne faut pas dédaigner ce nouveau volume de l’histoire de Jade Daniels, dont on sait déjà qu’il y aura une suite. La pauvre jeune fille n’a pas fini d’être tourmentée…
Sylvain Bonnet
Stephen Graham Jones, N’aie pas peur du faucheur, traduit de l’anglais par Carine Chichereau, Rivages, octobre 2024, 480 pages, 24 euros