Petiote, roman policier burlesque de Benoit Philippon
Roman coiffé d’une écriture à l’humour irradiant d’un Benoit Philippon survolté, Petiote est le plan hasardeux d’un homme en perdition.
Criminel gauche au cœur d’artichaut
Gus préfère le label loser. Il lui trouve plus de cachet. L’anglicisme sonne mieux en bouche quand le muisard présente son pedigree. Un moyen d’aromatiser de glamour un constat qui n’a rien de glorieux…
Gus est un jeune homme paumé de naissance qui n’a réussi qu’une chose dans sa vie, sa fille dont il est très fier. Le seul problème : elle ne veut plus le voir car il ne lui attire que des problèmes.
Ce qu’il a trouvé comme idée pour la reconquérir, car pour sa femme c’est déjà trop tard, est de séquestrer tout l’hôtel où il vit, sa fille y compris et de demander un avion pour le Venezuela. Il s’est associé avec Cerise, une jeune prostituée, qui n’a rien n’a perdre et beaucoup plus de volonté que Gus.
La population qui se retrouve sous sa coupe est très hétéroclite. C’est une vraie galerie de personnages attachants. Georges, immigré d’Afrique a réussi dans les années 80 avec l’héritage de sa mère à acheter et diriger cet hôtel, catalogué hôtel de passe à ses débuts et qui va de décrépitude en catastrophe. Boudu, ancien SDF reconverti en commis d’hôtel. Fatou installée dans ce cloaque en attente de papiers et d’accouchement. Serguei qui a l’air de baigner dans des trafics en tout genre et un couple illégitime qui va mal choisir le jour de leur séparation secrète.
Tout ce petit monde va se percuter
La capitaine Mia Balcerzak, négociatrice, passe la plupart de son temps sur ses affaires, au lieu de s’occuper de sa famille. Elle va vite perdre son calme.
Quoi ! Ainsi répond à la capitaine. Pas Allô, pas bonjour, elle s’exprime au burin. Elle prend assez de pincettes avec les énervés de la ceinture en plastique pour rappeler à ceux qui la connaissent qu’il vaut mieux ne pas trop la faire chier. Surtout quand elle est en congé.
Évidement tout va partir dans tous les sens
Ce que l’on retient forcément est le ton enjoué utilisé par l’auteur pour décrire les scènes les plus cocasses. Mais surtout un humour décapant avec de nombreuses références. Il a créé un criminel vraiment attachant qui parait déterminé au début. Cependant il ne caractérise vraiment pas un homme à poigne pour ce genre de projet. La tunique du super papa, super héros qu’il a revêtu ne cadre pas et malheureusement c’est plutôt celle de monsieur catastrophe. On espère à chaque page qu’il va s’en sortir mais c’est l’inverse qui se produit. Car une succession de maladresses, de soubresauts, de délires en tous genres vont s’enchainer et ne laissent vraiment pas optimiste sur la conclusion de la prise d’otages…
Mais on ne lâche pas le livre car on prend un vrai plaisir à lire Petiote.
Xavier de La Verrie
Benoit Philippon, Petiote, Les Arènes, Equinox, mai 2022, 384 pages, 19,90 euros