Milliame Vendetta de Bernard Munoz, chasse nocturne

Comme son nom l’indique, il y a de la vengeance dans l’air avec Milliame Vendetta. Bernard Munoz signe ici son premier roman et on le félicite pour son coup d’essai. Il nous propulse dans son univers très alcoolisé, très noir et avec en plus un soupçon d’hémoglobine qui aurait sinon manqué à ce lot de perversions !  

Eau chaude sur une carcasse abîmée. Rides creusées, yeux fatiguées, corps ankylosé dès le réveil, Valéria commence à paraître l’âge de ses excès. Ses pensées sont aussi noires que les nuages au-dessus de la ville… 

Mais pourquoi tant de haine ?  

Telle est la question que ne se pose certainement pas François Caruso. Ancien flic, passé par la case prison de l’échiquier de cette ville qu’est Milliane, où tous les excès sont légion. À force de trop fricoter avec la noirceur de la ville, il s’était embarqué dans le braquage d’un membre de la pègre. Il finira en taule, dans le quartier de haute sécurité où il connaîtra des sévices qui le marqueront profondément. La prostituée dont il s’était entiché l’avait détournée du droit chemin, le deal, le racket… il n’a d’autres choix en sortant de prison que de se venger. Mais il doit savoir qui l’a dénoncé en lui faisant porter le chapeau de ce casse.  

Il récupère le dernier cachet, l’observe. Rouge. Brillant. Abrasif. Spirituel. Explosif. L’avale. Lorsqu’il atteint sa voiture, la drogue irradie ses neurones. Les météorites de synthèse accentuent leur pouvoir sur son esprit. 

La fureur de mourir  

Face à lui un autre ex-flic Bernard Valéria. Lui, il sombre, profondément, lentement, assurément sans retour apparent. Pour Valéria c’est une autre histoire, il est veuf et sombre dans la drogue, cette drogue qui l’avait déjà écarté de sa femme et qui lui apparait tous les jours à ses côtés, tel un fantôme ou un oiseau de mauvais augure. Sa quête est de découvrir le meurtrier.   Malgré la haine qu’il porte à son père malade qui l’a violenté enfant, il va s’engouffrer dans les abîmes et mettre sa vie en danger pour le sauver. Pour soigner son père, il a besoin d’un paquet d’oseille, un combat devrait l’y aider.

Ces deux ex-flics vont-ils se rencontrer pour le meilleur ou pour le pire ?  

L’auteur a créé une cité d’une noirceur terrible. Telle Gotham, infestée d’hommes décadents et de leurs tortionnaires qui les observent. Il manque juste Batman à l’appel pour éveiller un tant soit peu d’humanité et d’honnêteté. Mais c’est loin d’être le parti pris de l’auteur. Nous sommes devant une lutte sans merci entre deux hommes qui n’ont plus rien à perdre quitte à se détruire, leur seul objectif est d’atteindre un but qui est évidemment déraisonnable.  

Sin City  

Vous trouverez en préface du roman, la carte de cette ville qui fait peur. Avec ces quartiers que l’auteur dissèque et fait vivre tout au long du récit que vous visitez tout au long du roman. À première vue, ils sont comparables à ceux de n’importe quelle ville : on trouve des beaux quartiers et d’autres plus dangereux. Mais ils cachent brutalité et perversion. Et ce n’est pas la rivière qui sépare la ville, comme tranchée par un couteau aiguisé, qui apportera un soupçon d’espoir.

Milliame Vendetta est un roman noir très réussi, surtout pour un premier.  

Xavier de La Verrie  

Bernard Munoz, Milliame Vendetta, Les Arènes, « Equinox », octobre 2021, 384 pages, 12,90 eur

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