Le Roi, une autre histoire de la droite
On n’en finit jamais avec la Révolution française, c’est ce que vous disent au fond les plus grands historiens de cette période. Baptiste Roger-Lacan, normalien et enseignant à l’institut catholique de Paris, revient ici sur un fait, l’exécution du roi, fondateur selon lui de l’histoire de la droite française. Pourquoi pas ?
La fin des espoirs de restauration

Il fait commencer cette histoire dès la chute de Napoléon III et la fin de la guerre contre la Prusse début 1871, lorsque les Français élisent une majorité conservatrice, rassemblant légitimistes partisans du comte de Chambord, petit-fils de Charles X, et orléanistes partisans du comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe. Contre toute attente, la restauration, apparemment à portée de main, échoue. Et la droite commence, à partir de 1877, une longue cure d’opposition tandis que les républicains, auxquels se sont alliés d’anciens orléanistes, gouverne. Mais cette droite existe toujours. On la retrouve dans les rangs de l’armée, de la diplomatie. Surtout elle existe d’un point de vue éditorial avec la publication de nombreux ouvrages remplis d’anecdotes concernant des personnages de la contre-révolution. Pour notre auteur, cela contribue à faire vivre un peuple de droite, souvent contre-révolutionnaire, qui va ensuite trouver dans l’Action Française de Charles Maurras une caisse de résonnance incroyable. Et de fait, c’est indéniable, la popularité de ces livres bien oubliés aujourd’hui est indéniable.
Une relecture du passé
De fait, il est vrai que ce courant royaliste, contre-révolutionnaire va connaître une forte popularité d’un point de vue intellectuel, ses partisans remplissant les rangs de l’académie française ou de l’Institut. Un historien comme Pierre Gaxotte aura une forte audience dans les années trente, tout comme Jacques Bainville. Le cent-cinquantenaire de 1789 a des allures de funérailles mais il est vrai qu’on est en juillet 1939 et que les bruits de bottes se font entendre… Pour autant, cela ne se traduit pas en termes électoraux et de nombreux historiens ou intellectuels continuent de se revendiquer de la gauche héritière de la Révolution. Par contre, l’activisme maurassien et son violent antisémitisme prépare le terrain à une autre extrême-droite qui rencontrera un grand succès avant-guerre puis après la défaite de 1940 : l’itinéraire de Brasillach et de Rebatet, disciples de Maurras, le montre.
Ouvrage intéressant.
Sylvain Bonnet
Baptiste Roger-Lacan, Le roi, une autre histoire de la droite, Passés composés, mars 2025, 365 pages, 24 euros