« Béziers 1209 », tuez-les tous et Dieu reconnaîtra les siens

Béziers 1209 est la dernière aventure en date du chevalier troubadour, Guilhem d’Ussel. Un personnage fictif créé il y a sept ans par Jean d’Aillon permet de nous immerger dans une des périodes les plus sombres de l’histoire de France : celle de la croisade des Albigeois.

 

De Paris à la Grande Boucherie de Béziers

Paris 1208. La mort de sa femme Sanceline a fait perdre ses repères à Guilhem. Puisque plus rien ne compte pour lui, il quitte son fief de Lamaguère pour s’installer à Paris pour devenir prévôt de l’Hôtel de Philippe Auguste. Il est alors chargé de découvrir les meurtriers d’une prostituée égorgée dans l’église Saint Gervais.  Tombé dans un piège, il comprend que l’on essaye de l’éloigner du roi et de l’influence qu’il peut avoir sur lui au moment où le pape Innocent III lance une croisade contre les hérétiques albigeois. Démasquer ses ennemis, protéger ses amis vont le mener à Béziers alors que l’armée de croisés s’apprête à attaquer.

 

Un personnage aux multiples facettes

Cette série commencée il y a sept ans, compte déjà neuf tomes qui nous ont permis de suivre l’évolution du personnage principal, Guilhem. Après tant d’aventures, peut-il encore se renouveler et ne pas lasser ? La réponse est normande. Orphelin, routier, chevalier troubadour au service des puissants de l’époque, ami de Robert de Locksley, protecteur des cathares sans l’être lui-même, Guilhem est un personnage aux facettes multiples. En lutte contre un côté sombre lors des derniers opus, Guilhem lâche un temps les vannes après la mort de sa femme. Une nouvelle facette donc mais qui cède bien vite le pas à un Guilhem plus classique.

 

Des qualités historiques indéniables

Jean d’Aillon, pseudonyme de Jean-Louis Roos, fait partie des auteurs de romans historiques les plus prolifiques. Antiquité, Moyen-âge ou encore Temps modernes, Jean d’Aillon se révèle à l’aise quelque soit la période notamment grâce à des recherches précises en amont de l’écriture. Preuve en est la biographie fournie. Si ses personnages sont fictifs, les faits sont bien réels. Il faut cependant attendre la deuxième partie du roman pour plonger dans l’histoire de la croisade des Albigeois et surtout « la Grande Boucherie » de Béziers. On retrouve les atermoiements de Philippe Auguste quant à sa participation à la croisade lancée par Innocent III mais aussi l’éclectisme de l’armée croisée. Croyants, routiers mais aussi barons opportunistes, une foule bigarrée qui est prête à se livrer au pire excès pour la foi ou l’argent. Pas de quartier comme le mentionne la phrase apocryphe du légat du pape, Arnaud Amaury : « Tuez les tous et Dieu reconnaîtra les siens ».

Nous pourrions donc nous lasser des aventures de Guilhem et il faut être honnête, il y a quelques longueurs. Cependant, le cliffhanger ne peut qu’exciter notre curiosité. Comment Guilhem va-t-il réussir à sauver Lamaguère et ses habitants menacés par l’armée menée par Simon de Montfort ?

 

Clio Baudonivie

 

Jean D’aillon, Béziers 1209, J’ai lu, octobre 2017, 602 pages, 8 euros

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