Truman Capote, retour à Garden City: l’histoire derrière De sang-froid

Du journalisme à la bande dessinée

Ancien journaliste, Xavier Bétaucourt a changé de vie et est devenu scénariste de bande dessinée (très bon choix). On lui doit par exemple un album biographique sur Simone Veil avec Annick Cojean, paru aux éditions Steinkis. Il a choisi ici de s’intéresser à un écrivain américain un peu oublié, Truman Capote (c’est aussi le quarantième anniversaire de sa disparition), et à la genèse de son roman le plus connu, De sangfroid. Le dessinateur espagnol Nadar s’occupe de la partie graphique.

De retour sur les lieux du crime

1967. L’écrivain Truman Capote est de retour au Kansas sur les lieux même de l’action de son livre et où se tourne l’adaptation cinéma dirigée par Richard Brooks. Capote étant entouré de journalistes et de reporters, Brooks lui fait comprendre que le silence doit régner sur le plateau. Capote comprend. En fait, il est hanté par cette histoire et ses protagonistes dont il s’est senti très proche. Car l’écrivain new-yorkais, brillant en société, homosexuel notoire, vient aussi du Sud. Comme eux, il a pâti dans son enfance de son éducation et de sa relation avec sa mère. Il a senti en écrivant De sang-froid sa parenté avec ces criminels. Lui aussi aurait pu mal tourner. Et il sent confusément  que ce grand roman, qu’il a peiné à écrire, qui l’a obsédé, sera son dernier. Il ne fera jamais mieux.

Un résultat qui prend aux tripes

Cet album raconte au moins deux histoires : celle de Capote qui se remémore son roman et celle de l’affaire qu’il a racontée. On pourrait même dire qu’il y en a une troisième, celle du petit Truman et de son enfance chaotique. Xavier Bétaucourt a visiblement beaucoup lu sur le sujet et son scénario présente tous les gages de la plausibilité. Nadar est aussi à l’aise pour décrire les scènes de meurtre (en noir et blanc) que les scènes de mondanité : quelle adresse ! Un bon moment donc.

Sylvain Bonnet

Xavier Bétaucourt & Nadar, Truman Capote retour à Garden City, Futuropolis, mai 2024, 112 pages, 21 euros

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