Superman Lost, un héros profondément humain
Un trou… de vingt ans
La vie s’écoule normalement pour Clark Kent et sa femme Lois. A ceci près que Clark est aussi Superman et doit parfois, avec ses camarades de la Justice League, aller sauver le monde. Pas grave, Lois en a pris l’habitude. Alors quand il s’envole un soir, elle ne s’inquiète pas du tout. A son réveil, il est là, raide comme un piquet, le regard fixe. Quelque chose ne va pas. Clark lâche alors qu’il est parti vingt ans ! Bruce Wayne arrive et les deux racontent ce qui s’est passé lors de leur mission : empêcher un drame en mer de chine et repêcher l’équipage d’un sous-marin chinois. Une fois sous l’eau, il n’y a pas de sous-marin mais un vaisseau alien avec à bord une singularité qui s’est formée dans le noyau du moteur. Superman intervient pour refermer la singularité… et se retrouve à l’autre bout de l’univers.
Un héros déchiré
Superman a donc erré dans l’espace, parfois sans oxygène (mais il se retient de respirer). Il a découvert une planète peuplé d’humanoïdes régi par une constitution plutôt libertarienne. Il s’est attaché à eux et à leur Green Lantern, Hope. Les pouvoirs du kryptonien diminuent car leur soleil se transforme peu à peu en géante rouge… S’il a réussi à revenir, Superman est bouleversé par leur sort. Il n’est plus le même, ce qui va amener Lois à demander l’aide, pour le « guérir », de… Luthor.
Un récit déstabilisant
Le scénariste Christopher Priest, connu pour ses prestations sur les séries Deathstroke et Black Panther, fait ici équipe avec Carlo Pagulayan, un dessinateur qu’il connait bien, pour nous livrer une histoire qui secoue un peu le personnage emblématique de l’univers DC. On y découvre un héros qui a des limites tant au niveau de ses pouvoirs que de ses émotions. Au fond, l’accent est mis ici sur le côté humain de Superman. D’autres comme Alan Moore ou Grant Morrison avait exploité aussi cet aspect. Mais il doit faire ici des choix plutôt déroutants… S’appuyant sur des dessins dynamiques livrés par Pagalayan (des vieux routiers comme Lee Weeks ou Dan Jurgens ont aussi donné des planches), ce Superman Lost plaira tant aux inconditionnels qu’aux amateurs cherchant quelque chose de « différent ». Du bon boulot.
Sylvain Bonnet
Christopher Priest & Carlo Pagulayan, Superman Lost, traduit de l’anglais par Jérôme Wicky, Urban comics, avril 2024, 248 pages, 24 euros