Catherine d’Aragon et Jeanne La Folle, deux princesses dans la tourmente
On ne connait pas ici Dounia Tengour, journaliste et critique littéraire nous dit-on. Elle a récemment tenu une thèse sur le cardinal Cisneros, grand inquisiteur à l’époque des Rois Catholiques Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille. Son livre Catherine d’Aragon et Jeanne La Folle, paru chez Perrin lors de cette rentrée, est occasion de raconter le destin de deux des filles de ce couple qui a marqué l’Espagne.
Deux princesses, deux reines

Jeanne la Folle et Catherine d’Aragon ont grandi dans l’Espagne des rois catholiques, enfants d’un couple plus politique que sentimental. Toutes deux étaient destinées à épouser des princes et à leur donner des enfants, le rôle traditionnel d’une princesse. Jeanne a eu une responsabilité plus importante en raison de la mort de son frère Jean : elle devait donner naissance, en tant qu’ainée, à un héritier pour la couronne d’Espagne. Une responsabilité accrue car son mari était Philippe le Beau, fils de Maximilien d’Autriche et de Marie de Bourgogne : les couronnes l’entouraient. Son fils Charles Quint, descendant donc des Trastamare, des Habsbourg et des ducs de Bourgogne règnera mais pas elle, on va y revenir. Pour Catherine, elle est d’abord promise à Arthur Tudor, fils d’Henry VII mais ce dernier décède. Le mariage fut-il consommé ? En tout cas, après bien des intrigues, elle est mariée au futur Henry VIII, plus jeune qu’elle. Mais elle n’aura de lui que la petite Marie, ses autres enfants décèdent peu après la naissance…
Deux destins
Dounia Tengour a choisi de rapprocher le destin des deux sœurs, rien cependant n’était écrit. Reste que les similitudes abondent. Toutes deux sont amoureuses de maris volages (Jeanne est dévoré par sa passion envers Philippe), toutes deux sont écartées du pouvoir et finissent leur existence dans l’isolement. Notons qu’Henry VIII se montrera particulièrement cruel avec Catherine. Mais Jeanne, déclarée « folle » voit son père l’écarter son pouvoir, suivi ensuite par Charles Quint qui fera de même. Elle finit sa vie enfermée. Était-elle cliniquement atteinte de folie ou l’a-t-on, par son enfermement, rendue ainsi ? Vaste sujet. Ce livre invite en tout à méditer sur le destin de ces princesses du XVIe siècle. Bel ouvrage en tout cas.
Sylvain Bonnet
Dounia Tengour, Catherine d’Aragon et Jeanne La Folle, Perrin, septembre 2025, 416 pages, 23 euros